Interrogé hier, sur les développements successifs que connaît la scène politique en Algérie, l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a déclaré que «la sortie de la crise nécessite un changement de régime passant par des négociations, et non pas un dialogue». L'ancien système politique est toujours au centre de décision en Algérie, selon Ahmed Benbitour, qui estime que la situation actuelle représente un prolongement de celle précédant la démission de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Interrogé hier, sur les développements successifs que connaît la scène politique en Algérie, l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a déclaré que «la sortie de la crise nécessite un changement de régime passant par des négociations, et non pas un dialogue». Une réponse claire au chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, à son appel à tenir un nouveau round de concertation, après l'échec de sa première tentative. Benbitour a précisé que Bensalah est arrivé à la tête de l'Etat par la voie constitutionnelle. Selon lui, «il n'est pas nécessaire de faire la distinction entre l'Armée et la Présidence». «Tout cela est un système qui est en train de se mettre en place, et jusqu'à présent, il n'a pas estimé utile de devoir répondre aux exigences de la population, qui sort dans la rue depuis 11 vendredi dans des manifestations pacifiques, dans tout le pays», a-t-il expliqué. Commentant le rejet des Algériens de Abdelkader Bensalah, notre interlocuteur a d'abord fait savoir que «ce dernier est arrivé au pouvoir dans un cadre juridique clair, dans le contexte de l'article 102 de la Constitution, lui permettant d'être au sommet de l'Etat pendant 3 mois». Pour lui, Bensalah incarne une forme permettant à l'ancien système de prolonger le 5e mandat, sans son candidat traditionnel, Abdelaziz Bouteflika. Benbitour a soutenu notamment, qu'il «est inutile d'en vouloir à Bensalah, (qui est dans «les limites du droit»), de vouloir maintenir de cette manière, l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, en dépit du rejet du peuple et de la classe politique». Selon lui, il faudrait plutôt «blâmer tout le système, qui n'a jamais voulu répondre aux revendication des Algériens». Il a estimé aussi que la seule issue à cette crise réside dans le changement du régime. «Le changement radical du régime passe par des négociations sérieuses et non pas par le dialogue», a-t-il estimé. Il ajoutera aussi qu'une «période de transition est nécessaire pour remettre de l'ordre dans la scène politique interne, pour permettre l'organisation d'élection présidentielle dépourvue de symboles du système». L'ancien chef du gouvernement a, par la suite, appelé la rue à s'organiser et nommer ses représentants, pour qu'elle puisse être une partie prenante des négociations, sur la façon de faire partir d'une manière radicale ce régime. «On ne veut pas changer un régime par un autre», a-t-il souligné. Faisant allusion à la nécessité de répondre aux revendications du peuple, portant principalement sur le départ des Bensalah et de l'Exécutif de Bédoui, Benbitour a appelé l'institution militaire à «comprendre les exigences claires et définies de la population». Il faudrait, selon lui, que l'ANP se penche sérieusement sur «une démarche consensuelle de transition». Répondant à l'appel de Gaid Salah à la concertation, Benbitour a estimé que s'«ils veulent un véritable dialogue, nous allons pouvoir parvenir à une feuille de route consensuelle, puisque les Algériens et la classe politique ont refusé de discuter avec les symboles du régime». A la question sur la possibilité de l'intervention de l'Armée pour «limoger» Bensalah, notre interlocuteur a estimé que «cette question doit être dirigée à l'Armée et non à moi».