L'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour a appelé, mercredi, à une "lecture attentive" de la Constitution pour aboutir à une solution politique à la crise que traverse le pays "sans trop s'éloigner de ses dispositions". Invité du premier numéro de l'émission "Erriwaq Essiassi", du service audiovisuel de l'APS, M. Benbitour a estimé que "l'idée du respect stricto sensu de la Constitution ne fera pas sortir le pays de la crise", expliquant que "la solution politique s'opère par un changement serein du régime à travers l'application des articles 7 et 8 de la Constitution puis l'activation de l'article 102 durant une période de transition qui devra donner lieu à l'élaboration d'une feuille de route pour une sortie de crise, la désignation d'un gouvernement de transition et la définition des modalités d'organisation d'une élection Présidentielle régulière". Par ailleurs, M. Benbitour a mis en avant l'importance de choisir des représentants compétents du Hirak populaire pour des "négociations" avec les parties dirigeantes en vue d'un "changement total du système". Le Hirak populaire qui réclame un changement radical du système "se doit de passer" à une nouvelle phase à travers "la désignation de représentants officiels capables d'élaborer une feuille de route pour négocier avec les parties dirigeantes en vue de réaliser la principale revendication de la rue algérienne, à savoir le changement de tout le système". Plus explicite, M. Benbitour propose la désignation d'un représentant par wilaya pour que ces représentants se réunissent, par la suite, pour élire trois d'entre eux pour parler au nom du Hirak. Se disant disposé à "apporter son aide" dans la transition qu'il prône, en contribuant à l'élaboration de la feuille de route pour la gestion de cette étape, il a indiqué avoir "un programme" de sortie de la crise politique que traverse le pays. M. Benbitour a plaidé, en outre, pour "une séparation entre les pouvoirs exécutif et judiciaire", soulignant "l'impératif de veiller à l'application des décisions du magistrat". Quant à la Présidentielle, prévue le 4 juillet prochain, M. Benbitour a relevé "l'absence" des moyens d'organisation de cette élection" à laquelle il ne participera pas, a-t-il dit. En réponse à une question sur sa non participation aux consultations auxquelles a appelé le chef de l'Etat, M. Benbitour a considéré que "l'heure n'est plus au dialogue", ajoutant que "ce dialogue est désormais dépassé par les évènements". Evoquant la crise économique à laquelle fait face l'Algérie, M. Benbitour a réitéré son appel à "une politique d'austérité en synergie entre les citoyens et le régime", afin de faire face à la baisse continue des recettes des hydrocarbures qui "ont chuté de 63 milliards Usd en 2013 à 27 milliards Usd en 2016". A ce propos, il a tiré la sonnette d'alarme quant à l'impact sur l'économie nationale "de taux d'inflation énormes et d'une pénurie des produits de consommation à partir de 2021". L'Algérie a besoin de "compétence en matière de gestion au plus haut niveau de l'Etat" et de "dirigeants chevronnés pour choisir les compétences nécessaires", a-t-il soutenu. Sollicité de donner sa vision de l'avenir du pays à l'ombre de la conjoncture actuelle, M. Benbitour s'est dit "moins pessimiste" en ce sens que les Algériens étaient "sur la bonne voie", appelant à "la poursuite du Hirak populaire".