Ceux qui ont misé sur l'essoufflement et la démobilisation en ont eu pour leur compte ! Malgré la spectaculaire hausse du mercure en ce premier vendredi du mois de Ramadhan, les marcheurs sont sortis par dizaines de milliers pour dire que la mobilisation est intacte. Jeunes, femmes, vieux, vieilles et enfants ont bravé la faim, la soif et le soleil de plomb en investissant les rues de la ville des Genêts comme chaque vendredi depuis le 22 février. Cet acte XII du mouvement populaire scelle la détermination des manifestants à aller jusqu'au bout et jusqu'à la satisfaction de leurs revendications portées à bras-le-corps depuis près de trois mois. Nna Meyassa felahi, 94 ans, drapée du drapeau national, est venue des hautes montagnes de Aïn El Hammam pour participer à la marche. Elle a marché de bout en bout. Malgré son âge et malgré le jeûne, elle a, tout au long du parcours, répété presque la même phrase : «Teccam terwam del weqt attruhem» (vous avez assez mangé, il est temps que vous partiez). Tel était son slogan qu'elle répétait sans cesse avec le peu de force qu'elle peut encore avoir à son âge. Cette nouvelle démonstration de la rue intervenant dans un contexte politique ayant connu des développements rocambolesques a été saisie par les manifestants pour actualiser une nouvelle fois les slogans. Il a été constaté que sur les milliers de pancartes et autres banderoles déployées, le chef de l'état-major de l'ANP Gaid Salah eu «droit», pour ainsi dire, à une kyrielle de slogans qui lui ont hostiles. «Gaid Salah a trahi le pays et protège la 3issaba», «Non à une gouvernance militaire», étaient entre autres les tirs croisés qu'il avait essuyés à Tizi Ouzou en plus de dizaines d'autres slogans. L' élection présumée du 4 juillet prochain n'a pas été en reste. «Non à l'élection de la honte», etc. étaient parmi les slogans transcrits sur les banderoles. «Bedoui dégage, Bensalah dégage», «Bensalah rayeh rayeh, edi m3ak Gaid salah» ont été également entonnés par les marcheurs qui ont aussi donné l'avant-goût de ce que seront les vendredis à venir en scandant «anelhu, anelhu, alama yeghli udabu (on marchera, on marchera jusqu'à la chute du régime». «Système dégage», «Pour une Algérie libre démocratique et sociale», ont sans cesse répété d'autres marcheurs qui se sont dispersés dans le calme vers 16 h, tout en promettant de revenir vendredi prochain. En somme, Tizi Ouzou est restée à la hauteur de son engagement.