Les manifestants ont porté des brassards noirs à la mémoire des victimes des douloureux événements de Kabylie. Comme il fallait s'y attendre, la marche populaire du 17e vendredi pour "le départ du système", organisée hier à Béjaïa, a enregistré une mobilisation extraordinaire. Une mobilisation qui frappe l'imaginaire du citoyen. Cette 17e marche populaire est dédiée à la mémoire des 127 martyrs du Printemps noir 2001 de Kabylie, du fait qu'elle coïncide avec la commémoration du 18e anniversaire de la marche historique du mouvement citoyen organisée le 14 juin 2001 à Alger, et qui fut réprimée dans le sang. Ainsi, plusieurs manifestants ont porté des brassards noirs à la mémoire des martyrs des douloureux événements de Kabylie. Certaines photos de ces victimes ont été brandies par des manifestants. Vers 13h, l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa et les artères avoisinantes étaient déjà noires de monde. Une marée humaine affluait de partout, brandissant des banderoles et des pancartes sur lesquelles sont écrits des mots d'ordre hostiles au pouvoir. Quelques minutes après, les manifestants démarre leur marche en scandant des slogans chers à la Kabylie depuis le Printemps noir de 2001 : "Pouvoir assassin" et "Ulac smah ulac". À la tête du premier carré, une banderole géante noire sur laquelle on pouvait lire : "On a perdu la bataille en 2001, mais on a gagné la guerre de 2019." La marche avance lentement sous les cris de "Klitou lebled ya serakine", "Djina nehiw el-îssaba", "Gaïd Salah, Bensalah, Bedoui dégagez", "Libérez l'Algérie", "Assa azeka mazalagh d Imazighen", "Y en a marre de ce pouvoir, transition obligatoire", "Libérez l'Algérie et emprisonnez tous les voleurs", "Gaïd Salah chiate El-Imarate", "Anedou, anedu alama yeghli udabu" (Nous continuerons à marcher jusqu'à la chute du pouvoir) et "Atetwaksem akw" (Partez tous). Les marcheurs, des femmes et des hommes de tous âges, des enfants et même des handicapés, ont investi le centre-ville de Béjaïa pour réaffirmer leur détermination à en finir avec le système. Tout au long de leur parcours, ils entonnent des chansons patriotiques et engagées comme celles d'Oulahlou Pouvoir assassin ou Adjthagh avrid anaâdi d'Ideflawen. Au rond-point Daouadji, baptisé Matoub-Lounès depuis 2001, les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des martyrs du Printemps noir, avant de scander en chœur : "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac" et d'exiger que "les assassins des manifestants de 2001, dont Yazid Zerhouni, soient jugés et condamnés". Les manifestants ont poursuivi leur marche puis se sont dispersés dans le calme en fin de journée. Hier, Béjaïa a vécu une marche mémorable pour rendre hommage aux martyrs du Printemps noir et ainsi leur dire qu'elle ne les a pas oubliés. Il est vrai que le regretté Matoub Lounès avait dit dans une chanson : "Win mitheksedh chfaya, ulaygher letskal fellas" (celui qui est frappé d'amnésie, ne comptez pas sur lui). Le message a été bien reçu à Béjaïa, vu la mobilisation impressionnante d'hier.