En décidant d'autoriser encore une fois l'importation des véhicules d'occasion, le gouvernement semble reconnaître son «échec». Les économistes et les militants estiment que cette mesure n'est qu'une façon de déporter les revendications du Hirak. Pour l'économiste, Smail Lalmas, cette décision n'est pas dans les prérogatives du chef de l'Etat. Pour lever cette interdiction, «il faudrait passer par la loi de finances», a-t-il dit, précisant dans ce cadre que «le gouvernement a levé l'interdiction sans revenir à ce détail juridique», qu'il qualifie d'«important». «Lalmas observe que le mouvement populaire a fait secouer le gouvernement, et que cette initiative est un moyen d'essayer de l'apaiser». «Les citoyens n'ont pas demandé la libération du processus d'importation de voitures de moins de 3 ans, ou moins de 5 ans, ils demandent le départ du gouvernement et du système». Pour sa part, Abdelwakil Blamm, militant politique et journaliste, estime que «les Algériens ne sont pas sortis dans la rue pour demander au gouvernement le retour de l'importation des véhicules d'occasion. Les mesures prises par le gouvernement en place ne doivent pas nous détourner de nos revendications, ou nous décourager». Selon lui, cette mesure viendra automatiquement et systématiquement, «après la construction d'une nouvelle Algérie. Ainsi que d'autres mesures qui seront aussi prises par la suite». Pour lui, «la gestion du secteur automobile, entamée par le pouvoir Bouteflika, n'était qu'une machine destructive contre les besoins du citoyen en la matière». Pour ce militant politique, la gestion «anarchique» actuelle peut nous conduire à d'autres mesures plus méprisables. «Le pouvoir en place peut aussi autoriser l'importation de tout ce qui était interdit avant, pour une seule fin. Distraire et dévier les ultimatums du Hirak, qui ne sont que le départ de tout le système en place», dit-t-il. Il souligne dans ce cadre, que «l'Algérien n'est pas sorti dans la rue pour manger, s'habiller ou encore moins s'acheter une voiture d'occasion d'Europe. Le peuple est sorti pour stopper la situation catastrophique, créée par le système qui a ruiné le pays et son économie, durant une période qui dépasse les 20 ans». Le même intervenant demande au chef du gouvernement, Noureddine Bedoui, d'arrêter d'essayer à «réfléchir comment commercialiser des soi-disant mesures pour détruire le mouvement populaire». Rappelons que selon les déclarations du ministre du commerce, Said Djellab, l'importation des véhicules d'occasion permettra de «faire pression sur le marché des véhicules assemblés localement». Le ministre a ajouté que «cette mesure va constituer un facteur externe, favorisant la baisse des prix, et permettre de donner une chance au citoyen d'acquérir un véhicule selon ses moyens». Le ministre a avoué aussi que cette décision est prise suite à «la hausse vertigineuse de la facture des importations de kits CKD et SKD pour le montage des véhicules en Algérie, s'avérant beaucoup plus chère que l'importation de véhicules en l'état».