Le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaid Salah, est devenu au fil de ces dernières semaines la cible de la rue. Hier encore, les étudiants de l'université Abderrahmane Mira et les avocats du bâtonnat de Béjaïa, ne l'ont pas épargné au cours de leur manifestation hebdomadaire. Ils l'ont désigné comme principal verrou du système tant décrié par le peuple depuis le début de la protesta. Le nom du très controversé général revenait tel un leitmotiv sur toutes les pancartes brandies par les étudiants. D'autant plus que, dans sa dernière sortie pour le moins provocante, le vice-ministre de la Défense a bravé la volonté populaire, en décidant de maintenir le cap sur la présidentielle. Remontés contre ses déclarations, les étudiants exigent son départ, au même titre que toutes les reliques du système. Sous une pluie battante, le premier carré scande : «Gaid Salah dégage !», tandis que de slogans hostiles à la dictature militaire fusent de la procession, manifestement très en colère. Ahmed Gaid Salah, en quête apparemment d'un compromis avec la rue, en a eu pour son grade lors de cette manifestation. La réponse des étudiants est, on ne peut plus claire : «non à l'agenda du vice-ministre de la Défense nationale.» «Oui pour un Etat civil, non à un régime militaire», hurlent les manifestants, sur tout le trajet qui les a menés du campus de Targa Ouzemour jusqu'à la place de la Liberté Said Mekbel. «Le pouvoir représenté par le vice-ministre de la Défense nationale est en total déphasage avec la rue. Au départ du système, comme exigé par le peuple, l'armée oppose une élection présidentielle sous la bannière des représentants de ce système», soutiennent les étudiants. Le slogan «Gaid Salah dégage !» a résonné aussi du côté de la cité Tobbal, où les avocats relevant du bâtonnat de la ville ont organisé une imposante marche qui les a menés jusqu'au boulevard de la Liberté. Les robes noires, qui ont depuis le début du mouvement populaire manifesté contre le système, n'ont pas caché leur colère contre l'entêtement manifeste du vice-ministre de la Défense, à vouloir organiser contre vents et marées, une élection que le peuple dans son écrasante majorité rejette. «Le peuple est la source de tout pouvoir», «la souveraineté appartient au peuple», clament les banderoles déployées par les avocats.