Hier encore, et comme chaque vendredi après la prière, les Chélifiens, jeunes, vieux, femmes et enfants, ont marché dans plusieurs communes de la wilaya de Chlef. Les marcheurs dénoncent les différentes manœuvres visant ne pas répondre aux doléances du peuple et le refus de l'application des articles 7 et 8. Ils réclament le départ des personnalités qui gèrent la période transitoire actuelle. Les manifestants, munis de banderoles, ont appelé au «changement radical de l'actuel système politique» et «le départ de ses symboles», dont les 2 B (Abdelkader Bensalah, chef de l'Etat, et Noureddine Bedoui, Premier ministre). Ils rejettent également l'élection prévue le 4 juillet prochain. Les marcheurs ont affirmé leur union et leur détermination à poursuivre leur mobilisation jusqu'à obtenir gain de cause et la satisfaction des revendications populaires. Les slogans touchaient directement à la trahison, au vol et à la bassesse des actes des nombreux responsables qui avaient en charge les destinées du pays et de tout un peuple, mais qui ont préféré assouvir leurs petits intérêts personnels, pour s'enrichir et enrichir leurs proches. Drapés de drapeaux algériens et brandissant des pancartes sur lesquelles étaient écrites les revendications phares du mouvement, à savoir le départ de tous les symboles du régime en place et le refus de l'ingérence militaire dans la sphère politique, les manifestants scandaient à tue-tête : «Système dégage», «Bensalah dégage !», «Bedoui dégage !», ou encore «Vous avez pillé le pays, bande de voleurs». Aucun parti politique n'a été épargné par les chants et slogans des manifestants, et en particulier le FLN. Le peuple veut une transition démocratique sans les symboles de ce système, qui est à l'origine de la faillite de notre pays. «Ils doivent tous partir et nous laisser construire notre pays», «Pas d'élection avec vous», «Le peuple ne veut pas de vos élections», lit-on sur des pancartes brandies par des manifestants. Le chef d'état-major de l'ANP avait déclaré que «la tenue de l'élection présidentielle mettra un terme à tous ceux qui tentent de faire perdurer cette crise». Selon lui, «il est certain que l'étape principale serait d'accélérer la création et l'installation de l'instance indépendante pour l'organisation et la supervision des élections». Ni les discours en haut lieu, ni les multiples affaires de corruption déclenchées par la justice n'ont, pour l'heure, arrêté cette volonté chez les manifestants et leur détermination à aller jusqu'au bout de leur révolution pacifique. En tout cas, la rue a donné hier, sa réponse au discours du chef d'état-major de l'ANP, qui avait exprimé son attachement à la tenue d'une élection présidentielle, toutefois rejetée par la rue. Les marcheurs ont longé le boulevard menant au siège de la wilaya, où ils se sont rassemblés, drapés de l'emblème national, criant des slogans hostiles au pouvoir, Gaid Salah compris. Ils ont encore une fois appelé l'actuel président par intérim à démissionner, ainsi que Bedoui. Les manifestants ont lancé un appel pressant afin de trouver des solutions demandées par le peuple, et non le déferlement des ex-pilleurs de l'argent du peuple pour être ensuite relâchés. Approchés sur cette place, un avocat nous a déclaré : «ça suffit, nous voulons du concret accepté par tous».