En groupe ou en famille, ils sont allongés sur des nattes. Les enfants vaquent à leurs jeux et loisirs au moment où leurs parents somnolent. Les journées sont longues en ce mois de Ramadhan, les jeûneurs, à Tlemcen, tentent après les heures de travail et l'épreuve quotidienne du marché, de s'évader vers la somptueuse forêt des Petits perdreaux, surtout en ces temps de grande chaleur. Ils sont des centaines à s'y rendre à la recherche de repos et de tranquillité pour fuir le vacarme de la ville qui, les après-midi, se transforme en une véritable cohue humaine. Le dense trafic de véhicules que connaît la route qui mène au plateau renseigne sur les nombreuses personnes qui s'y rendent car il faut faire le parcours du combattant pour se frayer un chemin ou dénicher une place dans les sentiers de la forêt. Tous les chemins forestiers sont pris d'assaut dès 15 heures. En groupe ou en famille, ils sont allongés sur des nattes. Les enfants vaquent à leurs jeux et loisirs au moment où leurs parents somnolent. D'autres adultes, plus téméraires, font du jogging par petit groupe de six à dix personnes. C'est un rituel au quotidien pour de nombreux adeptes de la nature. Mais ces lieux sont appréciés aussi pour les cerises et les légumes bio. Les propriétaires des nombreux vergers proposent des cerises à des prix inabordables pour le moment, entre 800 et 1000 dinars le kg, les légumes de saison. Les enfants des localités riveraines au plateau vendent aux passants du pain traditionnel sous toutes ses qualités et ses formes. Même à ce prix-là, la galette est achetée beaucoup plus par envie que par nécessité. Dans cette localité d'Al-Mafrouch le barrage on s'est spécialisé à longueur d'année dans la confection du pain traditionnel. On s'y rend beaucoup en grand nombre durant le mois de Ramadhan pour acheter du pain, du lait, petit lait et beurre de vache. La région est connue pour l'élevage bovin et ovin et sa forte production de lait. Il faut dire qu'à Tlemcen, durant le mois sacré, nombreux sont ceux qui sillonnent les zones rurales à la recherche de nourritures traditionnelles confectionnées généralement à l'occasion, et des produits du terroir. On rapporte, entre autres, du pain aux olives, aux plantes, du meloui (genre mille-feuilles à plusieurs couches enduites de beurre) et du mderbal (pain délicieux fait à base de beurre et enduit de miel) qu'on sert avec du thé après le ftour. On dit à Tlemcen que «Ramadhan a ses folles envies comme les envies des femmes en période de grossesse, sauf qu'on achète tout et on mange rien».