«Il est inexact de parler d'élite de la natation en Algérie. Quand vous avez un seul nageur de 100m nage libre dans tout le pays à 49 secondes, comment peut-on parler d'élite ? Il en faudrait 10 autres comme lui pour dire que l'on a une ébauche d'élite. Nous sommes loin des normes du haut niveau parce qu'à mon avis nous avons trop focalisé nos efforts sur un semblant d'élite alors que nous aurions dû nous concentrer sur tout ce qui constitue la base.» Ce sont là quelques-uns des propos tenus hier matin par Ahmed Chébaraka, le président de la Fédération algérienne de natation, lors de son passage au Forum du quotidien El Moudjahid. La natation algérienne n'est pas ce qu'elle devrait être, cela est un fait évident et l'orateur n'a pas cessé de mettre en avant les freins qui bloquent le développement de cette discipline et en même temps l'épanouissement des nageurs. Il a ainsi évoqué les problèmes liés au manque de piscines à travers le pays. «L'Etat est en train de faire de très gros efforts pour rattraper le retard dans ce domaine, a-t-il déclaré. Par rapport à l'Algérie d'il y a 20 ans, nous avons aujourd'hui nettement plus de piscines mais le chiffre reste en deçà de ce que nécessite une natation de performance. Je sais que l'Etat ne va pas s'arrêter à construire d'autres bassins et vous m'en voyez ravi. Le drame chez nous, en ce moment, c'est que l'athlète passe au second plan lorsqu'il s'agit de l'utilisation d'une piscine. Il y a un réel problème posé par les adhérents qui font une natation de loisir. Je ne dis pas qu'il faut leur fermer les bassins mais il est bon de songer à leur trouver des créneaux qui ne viennent pas empiéter sur la natation de compétition. Déjà que nous n'avons pas assez de piscines, celles qui sont disponibles sont fermées par excès de zèle de ceux qui en ont la gestion. J'ai vu à ce sujet M. le ministre de la Jeunesse et des Sports. Il a été très sensible à mon message et il a ordonné que pas une piscine dans le pays ne soit fermée aux nageurs licenciés dans des clubs ou des ligues. Nous avons également affaire à des histoires extrasportives comme à Chlef où la piscine est restée fermée durant des années parce qu'une personne qui habite tout près ne pouvait pas supporter les va-et-vient à côté de chez elle. A cause de ce monsieur, les jeunes de Chlef ont été privés de natation pendant des années. Vous savez on parle de champions en natation. Pour en former un il faut qu'il se soumette à au moins 8 heures d'entraînement par jour. On parle pour certains de 12 heures quotidiennes d'entraînement. Sommes-nous en Algérie capables d'atteindre un tel volume de travail ? Absolument pas. Dans le peu de bassins dont nous disposons vous trouverez jusqu'à 25 nageurs par couloir. C'est trop, beaucoup trop. En Tunisie, pour faire la comparaison, ils ne sont que 5 nageurs par couloir. Le ministre de la Jeunesse et des Sports s'est dit préoccupé par ce problème indiquant qu'il faudra arriver au chiffre de 2 clubs par piscine au lieu des 11 ou 12 aujourd'hui.» Pour rester sur le sujet des piscines, le président de la FAN a évoqué celle d'Hydra, propriété de Sonatrach. «C'est la plus belle du pays, a-t-il indiqué. Récemment elle a reçu la visite d'Hugo Lobo Filho, le Brésilien que nous souhaitons engager comme entraîneur de l'équipe nationale. Quand il l'a vu il s'est étonné du fait que l'Algérie ne dispose pas de plus de champions en natation. Oui c'est vrai, cette piscine existe mais elle appartient à Sonatrach et à se travailleurs. Nous ne pouvons interférer dans leurs affaires. Toujours est-il qu'ils se sont montrés disposés à nous aider pour les entraînements des équipes nationales. Je ne vous cache pas que Hugo Lobo Filho voudrait, s'il devient entraîneur national, voir cette piscine réservée exclusivement aux équipes nationales.» Selon Ahmed Chébaraka, un plan d'action a été entamé par l'équipe dirigeante de la FAN en vue de doter le pays d'une sélection de nageurs à même de nous valoir des satisfactions à l'horizon 2020. «Je sais que l'on parle beaucoup de 2016 mais c'est trop près, a-t-il dit. Il faut du temps pour amener un nageur à un très haut niveau de compétition. 2016 c'est demain. Il ne faut pas se leurrer et penser un seul instant que nous allons sortir de grands nageurs en si peu de temps. Notre œuvre consiste à dégager des sélections de jeunes qui ont aujourd'hui moins de 13 ans. Ce sont ceux-là que nous allons suivre et former en vue de ce fameux objectif de 2020. Je sais que notre pays a des potentialités humaines capables de régénérer cette natation que l'on disait moribonde. Avec un esprit solidaire nous sommes capables d'atteindre notre but.»