Un accord préliminaire sur le nucléaire iranien a été conclu hier à l'aube à Genève entre Téhéran et les grandes puissances. Il vise à réduire l'ampleur du programme atomique de la République islamique en échange d'un allègement des sanctions qui pèsent sur elle. L'accord entre l'Iran d'un côté, et l'Allemagne, la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie de l'autre a été conclu après plus de quatre jours de négociations. Il constitue un premier pas vers la sortie d'une impasse diplomatique vieille de plus d'une décennie. L'accord suspend les volets les plus controversés du programme atomique de l'Iran en lui imposant d'arrêter l'enrichissement d'uranium au-dessus de 5%, de neutraliser ses réserves enrichies à 20% et de stopper le projet de réacteur à eau lourde d'Arak. En échange, les six grandes puissances s'engagent à ne pas imposer de nouvelles sanctions au cours des six prochains mois. Les Etats-Unis estiment en outre que l'allégement des restrictions existantes va permettre à Téhéran d'accéder à des milliards de dollars de revenus liés au pétrole, aux produits pétrochimiques, à l'or et au secteur automobile. Le président des Etats-Unis, Barak Obama, a salué hier l'accord comme un «premier pas important». Il a toutefois prévenu que Washington mettrait fin au bout de six mois à l'allégement des sanctions et «augmenterait la pression» si Téhéran ne respectait pas ses engagements. Dans le camp français, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, s'est prudemment contenté de souligner que l'accord «exclut (...) tout accès à l'arme nucléaire» de la part de l'Iran. La présence à Genève des ministres américain, chinois, russe, français, britannique et allemand - John Kerry, Wang Li, Sergueï Lavrov, Laurent Fabius, William Hague et Guido Westerwelle - laissait croire depuis samedi à la proximité de l'accord. Le texte n'est que préliminaire et a pour but de permettre de rétablir pas à pas la confiance entre Téhéran et les grandes puissances après des décennies de tensions avec l'Occident. Les Etats-Unis et les pays européens soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire, alors que Téhéran dit que son programme n'a qu'une visée civile. Les négociateurs sont notamment parvenus hier à un compromis au sujet de la notion de droit à l'enrichissement d'uranium revendiqué par l'Iran qui le considère comme une question de souveraineté nationale. Les diplomaties des différents camps ont chacune présenté comme une victoire le résultat final. Du côté iranien, Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères, a estimé que le programme atomique de son pays se voyait «reconnu» par l'accord.