L'exportation des déchets non ferreux est frappée de nouveau par une décision d'interdiction émanant des services du ministère du Commerce. Selon une source proche du département de El Hachemi Djaâboub, une correspondance datée du 3 mars adressée aux directions de la concurrence et des prix (DCP) enjoint l'ordre de suspendre les opérations de commercialisation des déchets non ferreux, tel que le cuivre et l'aluminium. La mesure vise, ajoute notre source, à protéger les entreprises publiques, entre autres la SNTF, Sonelgaz et AlgérieTélécom, victimes de vols de câbles. En effet, le ministère du Commerce a instruit les directions de la concurrence et des prix à agir pour surseoir jusqu'à nouvel ordre à toute activité d'exportation de déchets non ferreux. Les inspections douanières ont été également informées de cette décision pour bloquer toute opération de commercialisation de ces matières. La liste comprend, entre autres, l'aluminium, le cuivre, l'étain, le plomb et le zinc. En 2008, les exportateurs algériens des déchets ferreux et non ferreux ont réalisé un chiffre d'affaires de 275 millions de dollars, selon les données du commerce extérieur communiqués par le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). Un marché juteux qui occupe, aujourd'hui, une place prépondérante dans le trafic portuaire algérien, notamment au niveau du port de Ténès (Chlef) et d'Arzew. Ce sont pas moins de 200 000 tonnes exportés annuellement vers diverses destinations, à savoir l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie. Quelque 300 récupérateurs exportateurs de métaux ont été recensés, ce qui dénote du poids qu'occupe désormais cette activité. L'association des exportateurs algériens est dans l'expectative. «Nous avons appris l'interdiction d'exportation des déchets non ferreux. Mais, aucune note d'information n'est parvenue à notre bureau», a indiqué un membre de l'association préférant ne pas s'exprimer sur cette affaire avant de disposer de toutes les informations inhérentes à ce dossier. Des préjudices inestimables Le ministère du Commerce a procédé à cette interdiction suite aux requêtes des opérateurs économiques publics qui ont fait état d'un phénomène de vol des câbles et autres métaux.Le 27 juillet 2008, l'entreprise Sonelgaz a publié un communiqué de presse abordant le phénomène de vol de câbles électriques. «Ces dernières années, le phénomène s'est propagé aux réseaux sous-tension y compris les équipements des postes moyenne tension / basse tension et les disjoncteurs moyenne tension», a relevé Sonelgaz, avant d'ajouter : «Les agents du groupe assistent aujourd'hui à des démontages, fruits de "professionnels aguerris", de tableaux basse tension et de disjoncteurs moyenne tension. D'ailleurs, une douzaine de tableaux basse tension ont été démontés et volés de l'intérieur des postes de transformation ; ce qui a amené les exploitants à les souder pour rendre l'opération de démontage plus difficile». La hausse des prix du cuivre, de l'aluminium et de l'acier sur les marchés internationaux a encouragé les voleurs à persévérer dans leur délit et fait perdurer le phénomène. Algérie Télécom et la Société nationale des transports ferroviaires ont fait état de la même situation à maintes reprises. Le préjudice causé est inestimable, a-t-on indiqué hier, ce qui a conduit à l'interdiction pure et simple de cette activité. En juillet 2007, l'Etat a autorisé l'exportation des déchets ferreux et non ferreux suivant les dispositions d'un cahier des charges. Ce décret exécutif exige des exportateurs de déclarer l'origine et la nature de leurs marchandises.