Des tirs d'armes lourdes ont secoué lundi matin le nord de la capitale centrafricaine, Bangui, où le gouvernement de transition a fait état d'affrontements entre l'armée nationale et des miliciens chrétiens. Dimanche, la ville était pourtant restée calme pour le second jour consécutif, mis à part quelques pillages isolés. Les violences qui opposent les rebelles de la Séléka, majoritairement musulmans, et les miliciens chrétiens "anti-balaka" ont fait un millier de morts ce mois-ci et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers. Les forces françaises et africaines dépêchées sur place tentent de contenir la violence et de séparer les belligérants. "Il y a eu des tirs d'armes lourdes pendant quelques heures dans le nord de Bangui, plusieurs quartiers ont été touchés", a déclaré à Reuters Amy Martin, qui dirige sur place le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l'Onu. Les tirs d'artillerie et de mortier ont cessé en fin de matinée. Des armes lourdes avaient été utilisées à Bangui début décembre, au plus fort des affrontements, mais les combats dans la capitale s'étaient limités par la suite à des tirs d'armes légères. Guy-Simplice Kodégué, porte-parole du président par intérim Michel Djotodia, a déclaré que les heurts de la matinée avaient opposé des soldats gouvernementaux à des miliciens chrétiens anti-balaka ("anti-machettes", en langue sango). Il n'a pas dit s'il y avait des victimes. Selon un habitant de la capitale, un groupe d'une quarantaine d'hommes armés de fusils d'assaut kalachnikov a traversé lundi le nord de la ville, nouvelle illustration de la difficulté à désarmer la population. On compte actuellement plus de 800.000 personnes déplacées dans tout le pays. Une réunion en vue de coordonner l'aide internationale est prévue le 20 janvier autour de Valerie Amos, secrétaire générale adjointe de l'Onu chargée des affaires humanitaires. L'Unicef, le fonds des Nations unies pour l'enfance, a rapporté qu'au moins deux enfants étaient morts décapités lors des violences des dernières semaines. "De plus en plus d'enfants sont recrutés par les groupes armés et sont la cible d'atroces attaques de représailles", a dit Souleymane Diabaté, le représentant de l'Unicef en République centrafricaine. L'ancien Premier ministre Martin Ziguélé, figure de l'opposition, a demandé la création d'une commission nationale pour enquêter sur les crimes commis dans le pays. "Il ne peut y avoir de véritable réconciliation sans justice et pardon", a-t-il souligné.