Le président Michel Djotodia tend la main aux milices chrétiennes « anti-balaka » (anti-machette, en langue sango). Il leur propose d'enclencher la bataille de la réconciliation nationale pour le « triomphe du bien sur le mal ». « Je renouvelle mon entière disponibilité à discuter avec tous ceux qui ont pris les armes, à tort ou à raison, pour qu'enfin tous, sans exception, nous soyons désarmés », dit-il dans une conférence de presse. « La survie de notre nation dépend de ce désarmement », ajoute-t-il. L'ancien chef de la rébellion Séléka, une coalition hétéroclite de groupes armés qui a pris le pouvoir en mars 2013, suggère à ses « frères » ennemis de « transformer » leurs « machettes, fusils et autres armes » en « bulletins de vote ». « Les élections à venir demeurent l'une des portes de sortie pour nous, pour une paix durable dans notre pays » et « j'entends faire respecter toutes les règles du jeu électoral pour donner la chance à mon pays de ne plus faire un retour en arrière », assure le président Djotodia, qui est censé quitter le pouvoir fin 2014. C'est la seconde fois depuis les massacres du 5 décembre à Bangui que l'ancien rebelle leur fait une telle offre de dialogue. Selon Amnesty International, près d'un millier de personnes ont été tuées depuis dans la capitale et en province dans des violences entre chrétiens et musulmans. La plupart dans des représailles de la Séléka et les attaques des « anti-balaka ». Djotodia, qui prend acte du fait que « la République Centrafricaine n'a jamais été autant au centre des préoccupations internationales », demande à ses concitoyens de « prendre leur mal en patience » et de « se doter » d'une « plus grande dose de patriotisme » et d'« un sursaut national » s'ils veulent éviter à leur pays « l'embrasement ». A Bangui, les musulmans sont en effervescence. Sans la protection des Séléka dans la rue, beaucoup se disent à la merci des représailles des anti-balaka. Raison de cette crainte : les soldats français de l'opération Sangaris ont désarmé les ex-rebelles musulmans de la Séléka, mais pas les « anti-balaka » qui défilent avec leurs armes dans les rues de la capitale. Cette réalité fait dire au ministre de l'Intérieur de la Centrafrique, le général Nouredine, que la présence de la France renforce, contrairement à ce qui se dit, le chaos dans son pays.