«Expliquez-moi, j'ai besoin de comprendre. Est-ce qu'une partie de la presse sportive veut limoger Vahid en se servant de Raouraoua ?». Telle était la question posée par le très irrévérencieux et néanmoins pertinent animateur de Dzair TV, Abdallah Benadouda sur Facebook. Et un internaute, tout aussi pertinent même s'il n'a fait qu'inverser la question, de lui répondre : non, c'est Raouraoua qui veut virer Vahid en se servant d'une partie de la presse sportive ! Mais dans ce jeu qui ne manque pas de mordant, il n'y a pas que pour la rhétorique. A l'origine, il y avait un malaise post-qualification. On a beau dire, le ticket pour le Brésil n'était pas évident mais il est quand même venu. Mais si du côté de la FAF et certainement à d'autres niveaux de la responsabilité, on peut avoir la jubilation facile et vivre de la petite ambition, il faut toujours savoir quoi faire de ses miracles. Les résultats n'étant pas souvent brillants, tirons le maximum de ce que nous réalisons ! Une qualification en Coupe du monde avec une politique des sports inexistante et un football indigent, c'est vraiment providentiel. Cela relève même du génie d'aller chercher sur les stades de France et de Navarre tout ce qu'il y a comme joueurs de foot ayant le moindre lien généalogique avec l'Algérie ! Et avec ça, monter une sélection nationale qui va aller défier les grandes nations du monde qui, elles, ont formé, investi, organisé, géré et financé une véritable stratégie de développement du football pour se retrouver en compétition avec les meilleurs. Mais avec quelques joueurs qui jouent quand même en Europe, de l'argent qui coule à flots, un tirage au sort d'une extrême générosité et une réussite phénoménale, ils ont fini par… bricoler ça ! On n'a tout de même pas pu recréer «l'ambiance» de l'autre qualification d'il y a quatre ans. On peut bricoler une sélection artificielle et la doper à coups de milliards mais on ne réinvente pas… Omdourman et tout ce qui va avec. La passion, le sentiment d'avoir de vrais dirigeants qui ont été… chercher la qualification dans la gueule du loup et un bonheur partagé dans un pays où on ne partage pas beaucoup de choses. Le problème est que la conjoncture aidant, on s'est rendu compte qu'il y avait des limites dans l'usage qu'on pouvait faire cette deuxième qualification consécutive. Et reporter donc par compensation tout le «spectacle» sur ce que peut réaliser la sélection nationale en terre brésilienne. Et peut-être bien avant ! Il fallait qu'il arrive quelque chose avant. De toute façon, dans la tête de M. Raouraoua, ce ne sont ni les joueurs ni l'entraîneur qui ont qualifié l'Algérie. Mais si on ne peut pas changer les joueurs parce que c'est ce que nous avons de moins mauvais, on peut être plus ambitieux dans le choix du sélectionneur. En y ajoutant quelques matches de préparation de prestige, le tour sera joué pour… récupérer le retard. Le problème est qu'on ne limoge pas un entraîneur qui vous a qualifié pour la Coupe du monde. Surtout quand on ne l'a pas fait pour le - même - entraîneur au retour d'une Coupe d'Afrique des nations calamiteuse. Vous vous rendez compte ce qu'on pourra obtenir comme dividendes avec un entraîneur de la trempe de Trapatoni, quelques grands matches de préparation et peut-être, avec la mobilisation de tous les saints et dieux réunis, un passage au second tour ! Un Omdourman puissance quatre ! On ne limoge pas facilement un entraîneur qui vous a qualifié à la Coupe du monde mais on peut toujours le pousser vers la porte de sortie. Surtout que le Bosniaque n'a pas la réputation d'avoir la langue dans sa poche. Encore moins de faire le dos rond. Alors, on ira en Coupe du monde sans Vahid, apparemment. Le reste est secondaire. Au fait, les élections, c'est avant ou après le Mondial ? [email protected]