Comment être une femme, une mère et gérante d'entreprises en même temps ? «Ce n'est pas évident !», assure Ghania Yacef, manager général de Datasun et de Datatools, deux entreprises spécialisées dans l'intégration de solutions en informatique, d'équipements et de services implantées à Dély Ibrahim (Alger). Pour elle, ces trois statuts sont très difficiles à assumer. D'expérience, elle dit : «C'est catastrophique !» Mme Yacef attendait son premier enfant au moment où elle lançait sa première entreprise (Datasun) au courant de la même année (1997). A 40 ans, Mme Yacef est déjà responsable de deux entreprises partenaires de la multinationale HP, ainsi que d'autres grands constructeurs dans le monde des TIC. Elle est adhérente au Forum des chefs d'entreprises (FCE) et membre du bureau exécutif de l'Association algérienne des technologies de l'information (Aita). A la tête de Datasun et de Datatools, Mme Yacef gère la demande de toute une gamme de clientèle : grandes PME/PMI, grandes entreprises publiques ainsi que plusieurs ministères, sans parler de cette nouvelle clientèle de plus en plus importante que sont les entreprises étrangères. Cela n'est pas dû au hasard. «Je suis une battante», explique-t-elle. Ghania, fille de fonctionnaire, est sortie de l'université en 1993 avec un diplôme d'ingénieure d'Etat en électronique. Après une année passée au chômage, faute d'expérience, elle commence par être enseignante vacataire de maths dans un institut. Puis elle s'engage dans le service commercial d'une entreprise de communication et devient technico-commerciale dans une entreprise d'informatique. L'ingénieur s'est battue pendant 4 ans avant de se fixer un objectif : monter sa propre entreprise dans le secteur des TIC. «En 1997, j'avais 28 ans. J'étais trop jeune par rapport à tout», confie-t-elle. Le projet était une affaire de famille. Ghania a démarré avec sa jeune sœur, elle-même ingénieur d'Etat en informatique, qui peu de temps après le démarrage de Datasun s'est installé à l'étranger. Aujourd'hui, en regardant dans le rétroviseur, Mme Yacef dit regretter deux choses : les banques ont pris trop de temps pour commencer à lui faire confiance, et «cela n'a fait que retarder le développement de l'entreprise». De plus, le scepticisme de la clientèle à l'encontre d'une entreprise gérée par une jeune femme. «Il m'a fallu du temps pour gagner la confiance de tous grâce à mon engagement et à mon professionnalisme», dit-elle. S'inspirant de son parcours, le manager engage des jeunes diplômés fraîchement sortis de l'université, prenant le risque de les former sur place pendant 2 à 3 ans avant qu'ils ne commencent à être opérationnels et rentables. L'essentiel pour elle, c'est de fidéliser le travailleur et faire naître en lui l'esprit propre à cette entreprise. A présent, les deux boîtes font travailler un effectif de 15 travailleurs répartis presque équitablement ent re les deux sexes. Pour Mme Yacef, il n'y a pas de recette miracle pour qu'une femme réussisse. Ses conseils : le sérieux, ne pas se sentir différente des hommes, aimer son métier, mais surtout prouver son professionnalisme.