Le quartier regroupe de plus en plus d'entreprises de services et de commerces de gros ou de luxe. Le développement se fait cependant aux dépens des habitants qui sont confrontés à l'absence d'un marché, d'aires de jeu ou de parkings. Chaque matin, un groupe de jeunes et d'adultes prennent place au carrefour central du Bois des Cars. En fait, ce sont des hommes à tout faire. Des journaliers qui proposent la force de leurs bras. Mohamed se déplace avec un filet à la main. Dans le filet, il cache sa tenue de travail. «Je suis un nouveau venu. Je n'ose pas me regrouper avec les autres jeunes. Il y a les passants qui vous dévisagent sans même vous dire bonjour», affirme-t-il. De vu, Mohamed approcherait la cinquantaine. Lui dit qu'il en a 60 ans. Venu de Chlef, cet homme à tout faire n'a jamais obtenu un boulot stable. «J'ai toujours fait des bricoles chez des particuliers», assure-t-il. C'est donc pour continuer à faire de petits boulots qu'il est descendu à Dély Ibrahim. Il lui arrive toutefois de visiter Staouéli et Chéraga en quête d'une tâche à la journée. La recherche est parfois infructueuse. Après deux semaines passées au rond-point du Bois des Cars, Mohamed se rend à l'évidence : «Il n'y a rien d'intéressant ici.» Toute l'offre de travail se résume à deux corvées : charger et décharger. Pourtant, le quartier est en pleine expansion dans toutes les directions. Les chantiers de construction sont nombreux, surtout sur l'axe Dély Ibrahim-Chéraga. Plusieurs entreprises ont décidé d'y installer leur siège. On y trouve des boutiques d'habillement de luxe, des bijoutiers, des agences bancaires ainsi que toute une gamme de société de services. «Ces chantiers sont pris en charge par des entreprises de construction qui font travailler leur propre personnel. Il n'y a que des particuliers qui font appel à nous», objecte Mohamed. Entre karantita et salles haut de gamme Saïd se veut tranchant : «Le quartier connaît une grande fréquentation depuis l'installation du campus.» En fait, d'importantes infrastructures universitaires y ont été implantées. C'est le cas de l'institut national des sciences de la mer, de la faculté d'économie et de la résidence pour filles. Cela est suffisant pour créer du mouvement. Les étudiants font ainsi tourner l'activité commerciale, surtout la restauration rapide. La boulangerie El Baraka, aux alentours de l'université, est à éviter entre 11h et 13h. Durant ces heures, il n'est pas possible de s'approcher facilement du comptoir. Les clients, généralement des étudiantes, vont jusqu'à squatter les trottoirs casse-croûte à la main. La karantita est très prisée. «Elle n'est pas chère et puis c'est rapide à préparer et à consommer», dit Samia, une étudiante. En fait, chez El Baraka, on sert des sandwiches à 10 ou à 20 DA. C'est suivant la commande. Pour les étudiants qui veulent s'attabler, le fast-food l'Artista est le mieux indiqué. Situé lui aussi aux environs de l'université, la chaîne est constante. Les lycéens ont aussi leurs lieux de restauration. Les élèves du lycée technique, qui se trouve en face de l'institut des sciences de la mer, se rendent pour déjeuner dans les pizzerias nouvellement aménagées sur le «boulevard de la céramique». Les personnels des entreprises fréquentent quant à eux la supérette Opéra, le nouveau restaurant du carrefour ou la pizzeria en contrebas de l'ambassade du Soudan où l'on déguste de la loubia préparée par une cuisinère de la Louisiane (USA). La sélection est presque naturelle. Le boulevard de la céramique De l'avis des résidants, le quartier a beaucoup changé. Une décennie en arrière, la mosquée Senouci faisait encore office de centre du village. Aujourd'hui, la cité s'est donné une vocation : le commerce de la céramique. La mosquée elle-même est entourée de commerçants qui exploitent le rez-de-chaussée d'imposants immeubles ou de belles villas inachevées. Depuis le carrefour jusqu'à la sortie de Dély Ibrahim (entrée de l'autoroute), les villas sont alignées. Les constructions sont en travaux. A première vue, il apparaît que ce qui intéresse les propriétaires, c'est d'aménager le rez-de-chaussée afin de le proposer à la location. Les prétendants sont nombreux. Pour preuve, sur le «boulevard de la céramique», tous les locaux sont en exploitation. «Le quartier était un village, il y a dix ans de cela», affirme Saïd qui réside à la cité 550 logements, en contrebas de l'ancien village. Les anciennes maisons sont coincées entre des immeubles qui poussent comme des champignons. Quelque part, un certain mode de vie vient d'être condamné. Côté jardin Y a-t-il un marché au Bois des Cars ? La question a été posée à un élève du CEM. Avant de répondre, il a pris le temps de réfléchir. Il devait naturellement se dire ce que «marché» voulait dire. Les mots disparaissent avec la disparition de la fonction. Après un moment de réflexion, l'élève répond par la négative. Les habitants du quartier n'ont pas de marché. Ils font leurs achats chez les boutiquiers ou les vendeurs ambulants. Le quartier manque aussi d'aires de jeu et de stades de proximité. Sur les principales routes, la circulation est difficile à cause des encombrements. En l'absence de parkings, les automobilistes stationnent sur les routes. Les clients des entreprises ou des boutiques ouvertes sur la route de Chéraga ou sur le «boulevard de la céramique» garent sur la chaussée, faute de mieux. Ces problèmes risquent de s'aggraver s'ils ne sont pas pris en charge rapidement. Liberté cherche une nouvelle adresse Le journal Liberté serait en prospection d'une nouvelle adresse pour abriter son siège central. La direction du quotidien, croit-on savoir, s'intéresse tout particulièrement au quartier Bois des Cars de Dély Ibrahim. Le siège de Liberté est situé au centre-ville d'Alger. La direction et la rédaction se trouvent au 10, rue El Biar et le service publicité à Ben M'hidi.