Des groupes mafieux continuent de sévir dans nos mers et sur nos plages, mettant notre écosystème en danger. Animés par le seul souci du gain facile, ils nous ont ainsi fait perdre pas moins de 35 km de plages depuis 2000 seulement, par l'extraction du sable, et le massacre continue. Si l'Etat ne réagit pas fermement et rapidement, les conséquences risquent d'être dramatiques et irrémédiables. La sonnette d'alarme a été tirée, hier, par Hocine Belout, président du Comité national des marins pêcheurs (Cnmp), affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), lors d'une conférence de presse. «Si on ne prend pas les mesures nécessaires pour arrêter cette mascarade, on ira droit vers la catastrophe marine», a-t-il averti. D'après lui, des quantités importantes de poissons, notamment la sardine, de taille non marchande, sont commercialisées au vu et au su de tout le monde. «75 tonnes de sardines ayant une taille de moins de 11 cm ont été abandonnées récemment à Annaba par les vendeurs de sardines pour leur taille non marchande», a-t-il affirmé en démentant l'argument avancé par certains pêcheurs prétendant que la cause est le manque de glace au niveau du port de pêche. Sur un autre plan, M. Belout affirme qu'un nombre important de pêcheurs utilisent encore du matériel prohibé à la pêche marine, comme les filets invisibles et dérivants, ainsi que la dynamite, sans qu'ils soient iniquités par les services de contrôle de la pêche. «Vous les trouvez dans tous nos ports de pêche, c'est comme si ce genre de matériel était autorisé à la pêche», s'est-il désolé. Ce matériel permet, explique-t-il, d'attraper même les espèces de poissons qui sont interdites à la pêche, aussi bien par la législation algérienne qu'internationale, à l'instar de la sardine de moins de 11 cm de taille, les dauphins et les cachalots. D'ailleurs, dit-il, la cause à l'origine de la mort d'un dauphin et d'un cachalot découverts récemment à l'ouest du pays est due à l'utilisation de la dynamite. «Il y a 11 espèces de poissons qui sont en voie d'extinction», a-t-il indiqué. Commentant le produit de la sardine, qualifié de record récemment par certains responsables du secteur de la pêche au niveau de l'est du pays, il dira : «C'est plutôt un record de massacre.» D'après lui, une grande quantité de ce produit n'a pas la taille marchande, c'est-à-dire 11 cm et plus. Outre la pêche illicite du poisson, l'orateur relèvera l'exploitation illégale du corail à l'est du pays, au niveau d'El Kala et Skikda, qui risque l'épuisement si on ne fait rien pour la stopper. A ce propos, il a rappelé que 10 tonnes ont été saisies par les services de contrôle depuis l'an 2000, c'est à dire la date de la mise en application d'une circulaire gouvernementale interdisant l'exploitation du corail jusqu'à nouvel ordre. A en croire M. Belout des quantités importantes sont transformées annuellement à l'étranger par «une mafia du corail» à travers les frontières de l'est du pays. Par ailleurs, le conférencier a évoqué un autre phénomène qui détruit l'écosystème et porte, par ricochet, préjudice à économie nationale, en l'occurrence l'extraction de sable des plages. «Depuis l'année 2000, on a perdu 35 km de plages à cause du vol de sable de littoral», affirme-t-il. En un mot, la situation est de nature à provoquer un désastre écologique. D'où la nécessité de renforcer le contrôle en instaurant une police de la pêche à l'ensemble des zones de pêche, propose-t-il, afin d'arrêter ce massacre, qui risque de faire disparaître la faune et la flore maritimes.