Le secteur de la pêche et de l'environnement fait l'objet de plusieurs dérives selon le président du Comité national des marins pêcheurs, Bellout Hocine. Ce responsable en a énuméré les plus graves lors d'un point de presse animé au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Il a commencé par la plus alarmante, à savoir la pêche du corail qui ne cesse, d'après M. Bellout, de prendre de l'ampleur malgré son interdiction. «Le récif corallien de la région d'El Kala fait l'objet d'une dilapidation sans frein, un braconnage des plus intenses engendré par l'attrait du prix au kilogramme du corail. Il est passé ces derniers mois de 800 à 1 200 euros», dira-t-il avant de rappeler que «des pêcheurs tunisiens s'intéressent de plus en plus à notre corail. Preuve en est, la dernière poursuite des garde-côtes menée contre un chalutier tunisien». Il révèlera aussi dans la foulée que «le corail pêché par les Tunisiens nous revient en caisse de sardines et autres volumes de poisons blancs que l'on ne retrouve plus sur nos côtes».M. Bellout tire la sonnette d'alarme en indiquant que l'extraction du corail d'El Kala se fait sans prendre la précaution nécessaire et indispensable à sa régénérescence. «Sans des mesures plus sévères envers ceux qui s'attaquent à ce patrimoine, le risque de la disparition du corail dans cette région devient imminent», affirme-t-il. La seconde dérive énumérée par le conférencier concerne la pêche à la dynamite. «Malheureusement, elle continue à être pratiquée. La preuve nous vient de l'échouage de plusieurs mammifères marins et de bancs de poissons sur des plages de l'est de la wilaya de Mostaganem», s'est indigné M. Bellout qui est très affirmatif sur la cause réelle de la mort de cachalots, dauphins, phoques et ces bancs entiers de poissons. Pour le président du Comité national des marins pêcheurs, «ces mammifères et poissons échoués se sont retrouvés exposés à l'onde de choc de la dynamite, puisqu'ils ne présentent aucun signe de saignement et encore moins de traces de lutte avec des filets». Il a aussi tenu à renseigner qu'un bâton de dynamite peut à lui seul anéantir tout la faune marine sur un rayon de 5 km. «C'est pourquoi je tiens à interpeller les pouvoirs publics sur cette agression de notre environnement marin», a souligné le conférencier.M. Bellout abordera ensuite la pêche de la sardine de taille non marchande, car très inférieure à celle fixée par la loi (11cm) et vendue en grande quantité «au nez et à la barbe du ministère de la Pêche auquel revient la mission d'interdire la pêche d'alevins», dira-t-il. «Je m'étonne d'entendre dire de la bouche du premier responsable du secteur qu'il a été enregistré, ces derniers mois, des records de pêche de la sardine, alors qu'en réalité le pourcentage d'alevins dans ces prises dépasse largement les normes réglementaires», ajoute-t-il offusqué. «Est-ce à dire que le ministre est mal informé sur la véritable teneur des pêches ?», s'interrogera-t-il. Le ministère, selon M. Bellout, devrait vite s'atteler à mettre en place une police de la pêche, décision souvent annoncée mais restée sans suite, pour que cesse la pêche d'alevins et de même mettre fin à l'emploi des filets dérivants ou transparents dont la nuisance sur la faune marine est extrême. Dernière dérive citée par le président du Comité national des marins pêcheurs : le pillage du sable, qui, selon ce dernier, continue de se perpétrer. «Ce qui a occasionné la perte de 35 km de sable sur 750 km de plages», a révélé ce dernier qui alertera également sur l'impact du «tout à la mer». En effet, des déchets toxiques et autres résidus industriels, ainsi que ménagers sont continuellement déversés dans la mer. «De multiples agressions de l'espace marin dont les conséquences négatives sont parfois irréversibles», a lancé l'animateur du point de presse. Lequel n'a pas hésité, enfin, à soutenir qu'«il faut que tout le monde prenne ses responsabilités devant toutes ces dérives». Z. A.