La Russie considère que l'absence de l'Iran à la conférence Genève II sur la Syrie «serait une erreur impardonnable», a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Ne pas assurer la présence à cet événement de tous ceux qui pourraient influer directement sur la situation serait, je pense, une erreur impardonnable», a déclaré le ministre, commentant la menace de l'opposition syrienne de boycotter la conférence si était maintenue la participation de l'Iran. «Nous ne sommes pas opposés à ce que la Coalition nationale (de l'opposition syrienne, ndlr) participe à Genève II. Nous avons salué sa décision d'envoyer une délégation à la conférence», a déclaré M. Lavrov. «Si quelqu'un met en doute la nécessité d'inviter tous les acteurs importants à la conférence Genève II, alors c'est qu'il ne souhaite pas le règlement juste et négocié de la crise syrienne», a ajouté le chef de la diplomatie russe. Il a qualifié la position de la Coalition nationale de l'opposition syrienne de caprice. «C'est le propre des négociations que de réunir autour d'une table non ceux qui s'apprécient mais ceux dont dépend le règlement de la crise», a encore déclaré Sergueï Lavrov. La coalition nationale syrienne a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi qu'elle retirerait sa participation à Genève II si le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ne retirait pas son invitation à l'Iran pour la conférence de paix dite Genève II qui doit s'ouvrir mercredi à Montreux (Suisse). L'Arabie saoudite s'est opposée à la participation de l'Iran à la deuxième conférence sur le règlement du conflit syrien, dite Genève-2, au motif que Téhéran «n'a pas publiquement accepté la mise en place d'un gouvernement transitoire en Syrie», a annoncé hier l'agence saoudienne SAS, citant une source officielle à Riyad. «Toute invitation à la conférence de Genève est conditionnée à l'acceptation des conditions citées dans l'invitation, la condition principale étant la mise en place d'un gouvernement transitoire en Syrie», a déclaré la source. Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé hier qu'il participerait à la deuxième conférence internationale sur la Syrie sans aucune condition préalable. «La conférence de paix sur la Syrie doit avoir lieu à tout prix, tout échec constituera une victoire des terroristes et des partisans du scénario militaire», a affirmé pour sa part l'ancien vice-premier ministre syrien et dirigeant du Front populaire pour le changement et la libération en Syrie (opposition intérieure) Qadri Jamil. «Si cette conférence connaît un échec, cela ne fera que profiter à ceux qui soutiennent une intervention militaire extérieure», a-t-il déclaré hier lors d'une conférence de presse à RIA Novosti. Selon l'homme politique, «il est dans l'intérêt du régime syrien et de l'opposition que cette conférence ne permette pas aux forces hostiles et aux extrémistes de saisir encore une fois l'initiative». M.Jamil a en outre remercié Moscou et Pékin de leur position, qui a permis de prévenir en septembre dernier une intervention militaire en Syrie. L'UE veut lutter contre le terrorisme Dans ce contexte, l'Union européenne entend mobiliser des pays tiers pour lutter contre l'afflux de combattants étrangers en Syrie, lit-on dans un document du Conseil des affaires étrangères de l'UE qui s'est déroulé hier à Bruxelles. «L'UE appelle les pays (limitrophes de la Syrie, ndlr) à adopter les mesures qui s'imposent pour empêcher l'afflux de combattants étrangers. L'UE entend également mobiliser des pays tiers pour lutter efficacement contre le terrorisme et le financement de l'acheminement de combattants étrangers», dit le communiqué sans préciser toutefois de quels pays tiers il s'agit concrètement. Les chefs de diplomatie des pays de l'UE exhortent aussi tous les pays limitrophes de la Syrie à rester vigilants face à la menace d'adhésion d'étrangers, notamment de ressortissants de l'Union européenne, aux groupes d'extrémistes syriens. Les médias ont rapporté auparavant que 4000 à 5000 combattants étrangers en Syrie avaient des passeports Schengen.