Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, son homologue américain, John Kerry, et l'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, se sont retrouvés hier à Paris pour préparer la conférence de Genève II. Auparavant, Russes et Américains avaient affûté leurs positions à Moscou lors d'une rencontre avec la sous-secrétaire d'Etat américaine qui a approuvé l'appel de ses hôtes à l'intention des représentants du gouvernement syrien et ceux de l'opposition à "orientation patriotique" classiques, d'unir leurs efforts dans la lutte contre les groupes terroristes dont les agissements menacent non seulement l'avenir de la Syrie mais aussi la stabilité régionale. De graves divergences partagent l'opposition y compris la Coalition nationale dont les rangs ont éclaté lors de sa toute récente réunion à Istanbul. La France a tenté de peser sur ses invités syriens mais il faudra également que d'autres "parrains" de l'opposition, ceux-là régionaux : Qatar, Arabie Saoudite et Turquie, se décident à exercer leurs pressions, plus efficace. Ce qui ne saurait tarder, normalement, car le temps court et il faudra bien que l'opposition syrienne réponde à l'invitation adressée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, aux participants à Genève II qui stipule clairement qu'il s'agira de discuter des moyens à mettre en place à Damas pour une autorité de transition avec "de pleins pouvoirs exécutifs". Pour son émissaire, Lakhdar Brahimi, seule cette voie politique peut aboutir à un arrêt des violences tant de la part de Bachar el-Assad que de la part des groupes combattants de l'opposition. Paris ne désespère pas de la Coalition qui doit se ressaisir pour désigner Ahmad Jarba à la tête de la délégation face au régime de Damas, qui engloberait des personnes ou des groupes, qui, sans faire partie de cette Coalition, partagent au moins ses vues sur les valeurs de la révolution syrienne. Les observateurs relevant les divisions de l'opposition se demandent si Damas ne placerait pas la barre des négociations au summum parce que le régime se trouve dans une position de force sur le terrain et que l'opposition est laminée par sa faiblesse et ses divisions. En outre, Moscou, Washington et les opinions internationales convergent sur le danger islamiste en Syrie et sa propagation dans la région, partageant implicitement la conviction des autorités syriennes de lutter contre le terrorisme. Des responsables syriens affirment aujourd'hui que la délégation gouvernementale syrienne à Genève II n'a pas vocation et encore moins autorisation de débattre à Genève d'une formule transitoire quelconque. François Hollande, qui a échoué dans son intention de reproduire en Syrie, le chaos libyen instauré par Nicolas Sarkozy, n'eut été la bouée de sauvetage de Vladimir Poutine, a lancé aux pays amis de la Syrie un appel pour un soutien fort à l'opposition syrienne sur la base des résolutions de Genève I, des résolutions des Nations unies et du libellé des invitations adressées par Ban aux participants à Genève II. Sur le terrain, la guerre a changé de sens, elle oppose une partie de l'opposition aux djihadistes. Trois groupes de combattants ont renforcé les rangs de l'opposition, à savoir le Front islamique, les combattants révolutionnaires et le mouvement des "Moujahidine", qui se battent avec les autres forces opposantes sur le terrain contre les extrémistes de l'"Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL) et le front al-Nosra, lesquels liés à al-Qaïda, se sont fixé l'objectif de transformer la Syrie en terre de djihad. Nom Adresse email