La directrice d'un centre commercial de Zéralda comparaissait hier au tribunal de Chéraga, accusée par l'un de ses employés d'insultes et de menaces. Plusieurs litiges ont déjà opposé les deux parties, qui présentaient deux versions des faits, et même deux dates du prétendu délit, complètement différentes. Malgré la présence de plusieurs témoins à charge et à décharge, il n'en demeure que cette affaire n'est restée qu'une histoire de «paroles des uns contre les paroles des autres». L'accusée, lors de son audience, nia en bloc tout ce qui lui était reproché, assurant qu'un jour, elle surprit un groupe d'employés qui avaient abandonné leur poste en train de discuter sur le parking du site. De colère, «et comme tout responsable réagirait en de pareilles circonstances, je leur ai dit qu'ils 'verraient' plus tard. Est-ce que cela est considéré comme une insulte ou comme une menace ? D'ailleurs, j'ai été plus que surprise lorsque j'ai reçu la notification du procès», dit-elle. Faux, rétorque le plaignant qui affirme que ce ne sont pas ces évènements qui sont les motifs de la plainte. Car, selon la partie civile, «il s'agit d'un tout autre jour». Les faits se seraient déroulés dans le bureau de la patronne, lorsque la victime lui demanda de lui accorder un congé de maladie. «C'est là qu'elle s'est mise à m'insulter. De plus, elle m'a à maintes reprises appelé au téléphone afin de me crier des insanités et proférer des menaces à mon encontre», jura-t-il.Il ne manqua pas de signaler à la cour qu'à cause des comportements détestables, injustes et anxiogènes de sa supérieure, il avait été dans l'obligation de «se faire suivre» par un psychologue, souffrant de stress et de dépression. Devant ces divergences, la juge appela à la rescousse les témoins. Au nombre de quatre, deux aux côtés de chaque antagoniste, ils n'éclairèrent pas grand-chose. Car, si la moitié d'entre eux témoignèrent en faveur de l'accusée, leur directrice donc, les deux autres s'alignèrent derrière la version de la victime. L'accusation, lors de sa plaidoirie, rappela qu'un code du travail est censé régir les relations hiérarchiques, et qu'en cas de faute d'un employé, c'est selon ces règles que des sanctions doivent être prises, et non «en insultant, humiliant et menaçant» ledit employé. «Elle n'en a absolument aucun droit», conclut-il. Il demanda à la cour, au vu des «graves dommages mentaux et nerveux» engendrés par l'accusée à son client, une somme de 200 000 dinars de dommages et intérêts. Le procureur de la République requit quant à lui une peine d'emprisonnement ferme de deux mois, assortie d'une amende de 200 000 DA.Dans sa plaidoirie, l'avocat de la défense «démonta» tous les chefs d'accusation, révélant que cette plainte n'était qu'un règlement de comptes. «Le plaignant a déjà fait l'objet de plusieurs sanctions disciplinaires, réglementaires, de la part de ma cliente. Tout ceci n'est qu'une vengeance personnelle, et l'accusation ne repose sur aucune preuve irréfutable, si ce n'est deux témoignages», argua-t-il, en demandant le non-lieu. En aparté, le magistrat en question avoua que ces sanctions avaient pour origine une histoire de harcèlement sexuel par le plaignant. La victime de cet harcèlement était une autre employée, qui a justement témoigné, lors de ce procès, en faveur de l'accusée, sa patronne donc…