Lorsqu'une affaire oppose les membres d'une même famille, les procédures judiciaires sont toujours des plus délicates. Surtout quand ce sont des conjoints qui s'affrontent, et que les enfants se retrouvent confrontés au dilemme cornélien de témoigner contre l'un de leurs géniteurs. Ainsi, hier au tribunal correctionnel de Chéraga, une femme d'un certain âge comparaissait pour insultes et menaces sur la personne de son mari. La victime ne s'était pas donné la peine de se déplacer au tribunal afin de relater sa version des faits. Elle était représentée par son avocat. Les faits se sont déroulés un soir, lorsqu'une dispute éclata entre les deux antagonistes au sujet du versement d'une somme d'argent, que le mari accusait la femme de ne pas avoir effectué. Leur fille tenta de s'interposer, pour éviter de voir sa mère rouée de coups. Ce que le père ne tarda pas à faire. «Je n'ai fait que la défendre et l'arracher de ses mains», déclara l'inculpée, ajoutant : «Je ne l'ai jamais insulté et encore moins menacé.» Citées en tant que témoins à décharge, la fille et la bru du couple narrèrent la même version des faits, désavouant par-là même l'histoire du patriarche. Et se désavouant elles-mêmes, puisque, comme l'indiqua l'avocat de la partie civile, les propos rapportés lors des dépositions et les témoignages des deux femmes durant l'audience étaient contradictoires. Car lorsque, en premier lieu, ces dernières furent interrogées dans le cadre de l'enquête, elles déclarèrent qu'effectivement des insultes et des menaces avaient été proférées à l'encontre du plaignant. Il conclut sa plaidoirie en demandant un dédommagement de 200 000 DA, tandis que le procureur requit une peine ferme de deux mois de prison, assortie d'une amende de 20 000DA.