La conférence internationale sur la Syrie dite Genève II s'est ouverte mercredi à Montreux, en Suisse, avec la participation des représentants d'une quarantaine de pays et d'organisations qui ont appelé à "saisir l'opportunité" pour trouver une solution au conflit syrien. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon qui a ouvert la réunion a appelé le gouvernement syrien et l'opposition à saisir la "grande opportunité" offerte par la conférence internationale sur la paix en Syrie dite Genève II pour trouver une solution à la guerre en Syrie. "Après presque trois pénibles années de conflit et de souffrances en Syrie, aujourd'hui est un jour d'espoir", a déclaré M. Ban dans son discours. "Vous les représentants de l'opposition et du gouvernement syrien vous avez une énorme opportunité" et une "responsabilité envers le peuple syrien", a-t-il dit en s'adressant aux parties au conflit. Le chef de l'ONU a appelé les puissances internationales à faire "tout ce qui est en leur pouvoir" pour contribuer à mettre fin au conflit. Gouvernement syrien et opposition : le face à face Intervenant lors de la réunion, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, qui conduit la délégation du gouvernement, a d'emblée souligné que son pays "va faire tout le nécessaire pour se défendre". Il a fustigé l'opposition syrienne présente à la réunion en la qualifiant de "traîtres" et d'"agents à la solde des ennemis" de la Syrie. Selon lui, "des pays voisins ont attisé le feu" dans le pays, en y envoyant "des terroristes", en soulignant que "celui qui veut parler au nom du peule ne doit pas être un traître". "Comment des terroristes peuvent-ils réaliser les espérances du peuple syrien ?", s'est-t-il interrogé, signalant que le gouvernent syrien a comme principal objectif de "sauver la Syrie et le peuple syrien et éviter le chaos pour la région du Moyen-Orient". Il a clôturé son intervention en affirmant que cette conférence ne réussira jamais si le soutien des terroristes persiste encore". Le gouvernement syrien avait souligné avant le début de la conférence qu'il n'était pas question de parler de changement de régime comme le souhaitent l'opposition et des pays occidentaux. Face à la délégation du gouvernement syrien, le chef de la Coalition de l'opposition syrienne Ahmad Jarba, a réitéré les exigences des adversaires du régime, en appelant Bachar Al-Assad à "remettre le pouvoir à un gouvernement de transition". "J'appelle (la délégation du gouvernement syrien) à signer immédiatement le document de Genève I (prévoyant) le transfert des prérogatives d'Al-Assad, y compris celles de l'armée et de la sécurité, à un gouvernement de transition", a-t-il déclaré. Divergences américano-russes Conscients de la difficulté des négociations, les deux initiateurs de la conférence, les Etats-Unis et la Russie se veulent plus réalistes sur le objectifs de cette réunion, s'attendant à une tâche très ardue. Les négociations entre le régime syrien et l'opposition en exil ne seront "ni simples ni rapides", mais une "responsabilité historique" repose sur leurs épaules, a concédé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. "Notre objectif commun est de réussir à mettre fin au conflit tragique en Syrie", a-t-il ajouté, en dénonçant les "extrémistes venus du monde entier, et qui sèment le chaos en Syrie, et mettent à néant les fondations culturelles et démocratiques du pays, formées durant des centaines d'années". Son homologue américain, John Kerry a saisi l'occasion pour souligner la nécessité du départ du président syrien et la formation d'un gouvernement de transition. "Bachar Al-Assad ne prendra part au gouvernement de transition. Il est impossible, inimaginable que cet homme qui a mené une telle violence contre son propre peuple puisse conserver la légitimité pour gouverner", a déclaré M. Kerry. L'appel à la formation d'un gouvernement de transition "par consentement mutuel" avait été adopté en 2012 par les grandes puissances, sans la présence des Syriens, à la Conférence Genève I. La mise en place d'un gouvernement de transition a été également évoquée par les ministres des Affaires étrangères français, Laurent Fabius et britannique William Hague. Pour M. Fabius, cette réunion doit se focaliser sur la recherche "d'un accord politique pour la Syrie concernant cette autorité de transition dotée des pleins pouvoirs exécutifs". Mais pour la Russie, c'est au peuple syrien de décider du départ ou non de Bachar Al-Assad. M. Lavrov a ainsi mis en garde contre "les tentatives d'interpréter" le document de Genève 1 "d'une façon ou d'une autre". Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra représente l'Algérie aux travaux de la conférence qui réunit pour la première fois les représentants du gouvernement syrien et ceux de l'opposition. Invitée à cette réunion internationale, l'Algérie "n'a eu de cesse d'appeler à l'arrêt de l'effusion de sang et de plaider en faveur de l'ouverture d'un dialogue politique responsable, en vue de trouver une solution politique à ce conflit qui ensanglante ce pays frère", a souligné à l'occasion le porte parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. "Nous sommes convaincus que seul un règlement pacifique de cette crise, à travers la recherche d'une solution consensuelle, est susceptible de mettre fin à la tragédie humanitaire qui endeuille ce pays et de répondre aux aspirations du peuple syrien frère à la paix et à la démocratie", a-t-il ajouté.