Comme chaque année, la célébration de la naissance du Prophète Mohamed (QSSSL) transforme le visage des rues d'Alger qui se retouvent inondées de produits pyrotechniques, importés généralement de Chine et transitant par Dubai. Ces produits explosifs assimilables à de véritables bombes sont à l'origine de plusieurs accidents, qui peuvent engendrer des conséquences tragiques, entre autres, des handicaps majeurs comme la perte de vue, des brûlures de troisième degré ou encore des amputations de membres. Explosions, gros dégats Si l'on se réfère au bilan de l'année écoulée, la Protection civile a enregistré 1438 interventions, dont 30 incendies signalés dans la wilaya d'Alger à la veille du Mawlid Ennabaoui. Cette année, les hautes autorités d'Alger ont décidé d'interdire l'utilisation de ces produits dans les domiciles et dans les lieux publics, et ce, à travers un communiqué de presse. Même si les autorités de la wilaya d'Alger mettent en garde contre les dangers de ce fléau, des moyens considérables sont prévus en cas de danger, comme la mobilisation des services de la Protection civile et de la gendarmerie. Contacté par nos soins, Abdelhamid Kerroud, commandant de la gendarmerie, précisera que «le travail des services de la gendarmerie consiste à combattre le commerce illicite des pétards tout au long de l'année. Cette opération s'intensifie, cependant, à l'approche de la fête du Mawlid Ennabaoui». D'ailleurs, le commandant affirmera que les services de la gendarmerie ont réussi à saisir une quantité importante de pétards entre 2008 et 2009. Il s'agit de 4 millions d'unités de produits pyrotechniques, saisis entre le mois de janvier et février, dont 2 millions saisis au niveau des frontières terrestres, alors que 45 028 pétards ont été saisis à l'intérieur d'un autobus, dans la région de Mila. Toujours selon le bilan de la gendarmerie, 68 324 tonnes de pétards ont été confisquées dans la région d'Oum El Bouaghi. Concernant les accidents liés à l'utilisation des produits pyrotechniques et enregistrés à la veille de la célébration de cette fête religieuse, il qualifiera l'année 2008 comme l'une des plus meurtrière en Algérie. La direction de la Protection civile de la wilaya d'Alger avait, en effet, déploré 14 morts et plusieurs blessés, ainsi que 30 incendies dans différents quartiers de la capitale. La même source avait enregistré 1 mort et 14 personnes de la même famille blessés, suite à une explosion de gaz, produite à cause des feux d'artifice et l'usage des pétards. Les pertes matérielles recensées au cours de l'année dernière ont, en outre, été jugées considérables. Interrogé à la veille de la célébration de la fête du Mawlid, M. Kerroud affirme que tous les moyens sont mis en place pour éviter les drames de l'année précédente. La célébration du Mawlid Ennabaoui constitue, en fait, une occasion pour renouer avec les traditions ancestrales, mais hélas, cette fête religieuse est liée actuellement au danger et au malheur, et ce, depuis l'introduction des pétards en Algérie. Des pétards… malgré la loi La loi interdisant la commercialisation et l'utilisation des pétards existe depuis des décennies. Dans un article paru le 23 août 2005, il a été formellement souligné l'interdiction de l'importation et de la vente des produits pyrotechniques et la peine d'emprisonnement à l'encontre de celui qui transgresse cette loi varie entre une et cinq années, et ce, selon la marchandise confisquée. Alors à quoi est due la prolifération de ce marché illicite ? Peut-on imputer cette anarchie tout simplement au laxisme et au manque de vigilance de la part des autorités concernées ? Selon les observateurs de ce marché, il est clair que la contrebande a trouvé refuge au milieu de la corruption, qui demeure à l'origine de la profusion de la commercialisation de ces produits dangereux. Comment expliquer, par ailleurs, la mise en garde des autorités de la wilaya d'Alger aux citoyens, alors que les étals des produits explosifs pullulent ? Comment les importateurs arrivent-ils à écouler les tonnes de marchandises prohibées importées dans leur plus grande partie de Chine, malgré le contrôle rigoureux imposé par la douane ?Des questions qui resteront, peut-être, toujours sans réponse. En attendant, aujourd'hui c'est la fête et, hélas, peut-être des fleuves de larmes.