Trois attentats, dont l'un perpétré devant le ministère des Affaires étrangères, ont fait mercredi 24 morts à Bagdad, au moment où les forces de sécurité poursuivaient leurs opérations pour reprendre aux insurgés des secteurs à l'ouest de la capitale. L'Irak est entraîné depuis début 2013 dans une spirale de violences, qui a fait plus de 1.000 morts pour le seul mois de janvier, sur fond de mécontentement de la minorité sunnite et de conflit en Syrie voisine qui ont enhardi les insurgés. Les trois attaques, survenues en pleine heure de pointe dans le centre-ville, ont également fait 30 blessés, selon deux responsables des services de sécurité et une source médicale. Un attentat a été perpétré devant le ministère des Affaires étrangères, aux abords de la Zone verte, secteur fortifié de la capitale où se trouvent notamment le Parlement et l'ambassade des Etats-Unis. Selon les deux responsables de la sécurité, l'attaque a été menée à l'aide d'une voiture piégée mais des témoins sur place parlent d'un kamikaze. Une deuxième attaque devant un restaurant a été menée par un kamikaze et un troisième attentat, à la voiture piégée, a visé un marché de pièces détachées automobiles. Le bilan aurait pu être plus lourd si les services de sécurité n'avaient pas désamorcé une bombe près du siège du ministère du Pétrole, également dans le centre-ville. Des traces de sang et des lambeaux de chair étaient visibles sur le sol dans le secteur du restaurant. Des soldats ont affirmé qu'un de leurs camarades avait étreint le kamikaze pour tenter de sauver les autres. Le secteur du ministère des Affaires étrangères a déjà été le théâtre d'attentats dans le passé, notamment en août 2009 quand l'explosion d'un camion piégé avait fait des dizaines de morts et dévasté les environs du ministère. En mars 2012, quelques jours avant la tenue d'un sommet arabe à Bagdad, un attentat avait eu lieu dans un parking proche du ministère, faisant plusieurs victimes. Aucun groupe n'a revendiqué dans l'immédiat les attaques de mercredi mais des groupes sunnites, notamment l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ont revendiqué à plusieurs reprises des attentats coordonnés dans la capitale visant civils et forces de sécurité. Les jihadistes de l'EIIL sont par ailleurs impliqués dans des combats avec les forces de sécurité à Al-Anbar, une province à majorité sunnite de l'ouest du pays, frontalière de la Syrie et qui a été un bastion de l'insurrection après l'invasion américaine de 2003. L'armée regagne du terrain à Ramadi Des membres de l'EIIL et d'autres groupes armés ainsi que des combattants de tribus anti-gouvernementales, contrôlent depuis début janvier Fallouja et des parties de Ramadi, des villes respectivement à 60 km et 100 km à l'ouest de Bagdad. Le commandant des forces terrestres de l'armée, le général Ali Ghaidan Majeed, a annoncé que les forces armées avaient repris mardi des quartiers de Ramadi, chef-lieu de la province, après plusieurs jours de violents combats. A Fallouja, en revanche, les forces de sécurité demeurent toujours hors de la ville, craignant qu'une offensive ne déclenche un long conflit avec beaucoup de victimes et de nombreuses destructions. Ahmed Abou Richa, un chef tribal membre des Sahwa, milices recrutées dans les tribus sunnites pour soutenir la lutte contre Al-Qaïda, a cependant affirmé il y a quelques jours qu'une attaque contre Fallouja était imminente et exhorté les insurgés à déposer les armes. Selon des témoins et un journaliste à Fallouja, plusieurs quartiers ont été bombardés tard mardi soir. Plus de 140.000 personnes ont fui les violences dans la province d'Al-Anbar, le plus vaste déplacement de population en cinq ans en Irak, selon l'ONU. Des diplomates, dont le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ont appelé les autorités irakiennes à œuvrer en faveur d'une réconciliation nationale, les insurgés étant enhardis par le mécontentement de la minorité sunnite qui s'estime discriminée par le gouvernement dominé par les chiites. Mais, à deux mois des élections législatives, le Premier ministre Nouri al-Maliki privilégie une ligne dure.