Soudaine flambée de violences à Fallouja et Ramadi dans l'ouest de l'Irak Fallouja et Ramadi sont des bastions de l'insurrection ayant suivi l'invasion américaine de l'Irak qui a renversé le président Saddam Hussein, un sunnite, en 2003. Des combats acharnés avaient lieu ce week-end à Fallouja et Ramadi, deux villes sunnites de l'Ouest irakien contrôlées en partie par des insurgés liés à Al Qaîda, dans une nouvelle épreuve de force avec le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. La province à majorité sunnite d'Al-Anbar, où se trouvent ces deux villes, est devenue depuis plus d'un an un haut lieu de la contestation contre M.Maliki, accusé d'accaparer le pouvoir et de marginaliser la communauté sunnite. Fallouja et Ramadi sont des bastions de l'insurrection ayant suivi l'invasion américaine de l'Irak qui a renversé le président Saddam Hussein, un sunnite, en 2003. Et deux ans après le retrait des derniers soldats américains en décembre 2011, les forces de sécurité irakiennes peinent à faire face aux groupes insurgés enhardis par le conflit en Syrie voisine et le mécontentement de la minorité sunnite. La nouvelle flambée de violences dans Fallouja et Ramadi a éclaté lundi après le démantèlement d'un camp de protestataires anti-gouvernementaux à Ramadi, présenté comme un «repaire d'Al Qaîda». Les combats ont initialement opposé lundi et mardi l'armée, entrée à Ramadi il y a quelques jours, à des groupes armés sunnites dont certains liés à Al Qaîda, en représailles à la fermeture du camp et à l'arrestation d'un député sunnite. Mais les soldats se sont ensuite retirés aux abords de la ville et les accrochages opposent désormais policiers et membres de tribus aux insurgés. M.Maliki a annoncé mercredi l'envoi de renforts dans ces villes pour faire face «aux terroristes» mais aucun soldat n'était visible dans les rues en ce début de week-end. Néanmoins, des chars de l'armée ont été vus aux abords de Fallouja, selon des témoins. Et dans cette ville, dont la moitié est tombée sous le contrôle des insurgés, les forces spéciales irakiennes sont entrées en action et des «combats acharnés» s'y déroulent, a déclaré le général Fadel al-Barwari, qui dirige ces forces relevant de l'organisme de lutte antiterroriste. Selon un témoin, les insurgés ont mis en place des points de contrôle dans le centre et le sud de Fallouja. Selon un responsable du ministère de l'Intérieur, «la moitié de Fallouja est entre les mains de l'EIIL et l'autre partie est sous le contrôle» de membres de tribus armés. A Ramadi, ce sont des policiers et des tribus qui combattaient les insurgés. Les affrontements se déroulaient dans l'est de la ville, où ont déferlé des dizaines de camions transportant des hommes lourdement armés scandant des chansons louant l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe lié à Al Qaîda. Les insurgés, qui criaient notamment «Notre Etat (islamique) est victorieux», brandissaient des drapeaux noirs frappés de la profession de foi islamique. «Nous ne sortons pas de chez nous à cause de ce qui se passe», a témoigné un habitant de la ville. «Il n'y a pas de nourriture, même si on réussit à aller dans un magasin, on ne trouve rien. Parallèlement, le ministère de l'Intérieur a appelé les membres de la police qui ont abandonné leur poste à Al-Anbar à les regagner rapidement sous peine de sanctions. «Ils doivent y retourner pour faire face à l'offensive terroriste qui vise notre peuple à Al-Anbar», a-t-il dit dans un communiqué. Les forces irakiennes pâtissent de nombreuses lacunes en matière de formation ou de capacité de renseignement, ainsi que d'une forte politisation. Elles sont en outre accusées d'abus et de tortures. Le camp de protestataires sunnites démantelé lundi était le plus important du pays. Si son démantèlement a constitué une victoire pour M.Maliki, il a attisé la colère de la communauté sunnite. Celle-ci réclame que les autorités mettent fin à la stigmatisation dont elle s'estime victime, au travers de l'utilisation de l'arsenal législatif anti-terroriste à son encontre. La colère des sunnites a été un facteur clé dans la recrudescence des violences en Irak ces derniers mois.