On ne peut parler de Blida sans penser à l'odeur de ses roses et à son jasmin. On ne peut parler de Blida sans penser à ses artistes, ses chanteurs et ses peintres. Le fondateur de cette paisible ville, Sidi Ahmed El Kebir, qui venait d'Andalousie, semble avoir semé des graines d'andalou qui ne cessent à ce jour de donner naissance à des artistes très doués pour perpétuer cet art. Le plus célèbre de ces chanteurs, aux côtés de Hadj Mahfoudh, est Dahmane Benachour Né le 11 mars 1912 dans le quartier d'Ouled Yaïch à Blida, Achour Abderrahmane dit Dahmane Benachour passera d'abord par l'école coranique que tenait son grand-père avant de se rapprocher petit à petit de la vie artistique en devenant d'abord apprenti coiffeur. Ce métier lui permettra de connaître quelques artistes de Blida, notamment Ali Mili qui l'encouragera, au début des années 1930, à rejoindre l'association El Adabia, dirigée par Cherif Bencherchali. C'est au sein de cette association qu'il fera connaissance avec les grands musiciens de Blida, tels que Boualem Stamairo et Hadj Medjber. Ces deux musiciens ont été formés par cheikh Mahmoud Ould Sidi Saïd dit Qelb Eddelaâ. Hadj Medjber, qui était déjà un maître du violon, deviendra son ami et conseiller. D'ailleurs, ce grand violoniste deviendra le bras droit de Dahmane Benachour qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort. Une amitié exceptionnelle avec Hadj Medjber Le respect et l'amitié qu'avait Benachour envers Hadj Medjber devraient rester comme exemple exceptionnel dans l'histoire. Dahmane Benachour, qui n'a jamais oublié ce maître qui lui a ouvert les portes de l'apprentissage et de la célébrité, lui a offert son propre fils car Medjber ne pouvait pas en avoir. L'amitié alla plus loin encore, car après le décès de Hadj Medjber, c'est la famille de Dahmane Benachour qui a pris en charge la veuve de Medjber jusqu'à sa mort. En 1934, Dahmane Benachour adhère à la doyenne des associations blidéennes El Widadia pour parfaire ses connaissances. Il faut rappeler que Moussa Khedioui est pratiquement le fondateur de toutes les associations blidéennes. Dahmane Benachour profitera alors des cours donnés par Mahieddine Lakehal, qui est derrière la formation de très grands chanteurs, tels que Sadek Bedjaoui et Saïd Bestandji. Bien qu'il ait eu un succès lors de sa participation à la fête du trône, ce n'est qu'au début des années 1940 qu'il commencera sa carrière professionnelle. C'est ainsi que dès l'ouverture de la chaîne arabe de la radio en 1946, il est appelé à faire partie de l'orchestre dirigé par Mohamed Fekhardji. Maîtrisant l'andalou, le chanteur deviendra par la suite un grand spécialiste du hadhri et du hawzi. Un maître et des disciples D' ailleurs, l'enregistrement de la chanson El Khezna El Kbira, écrite par Sidi Lakhdar Benkhlouf, prouvera que Dahmane n'a pas d'égal, même dans les autres styles de chanson. Il ne cessera de monter et ses pairs de la chanson andalouse, non seulement de Blida mais de tout le pays, le reconnaîtront en tant que plus grand maître de la chanson andalouse. Le grand chanteur réussira également en tant que professeur, car ses élèves Nassima et Farid Khodja deviendront par la suite parmi les chefs de file de ce style. Décédé suite à une intervention chirurgicale en 1976 à l'hôpital de Blida, Dahmane Benachour restera comme le maître des maîtres de la chanson andalouse algérienne. Sa voix de velours et son charme sont irremplaçables.