«La Russie ne voit pas avec qui elle pourrait mener un dialogue en Ukraine à l'heure actuelle, la légitimité de plusieurs organes de pouvoir dans ce pays suscitant des doutes», a déclaré hier le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. «A vrai dire, il n'y a là personne avec qui on pourrait s'entretenir, la légitimité de plusieurs organes de pouvoir (…) fait l'objet de sérieux doutes (…). Certains de nos partenaires pensent autrement. Je ne sais pas quelle Constitution ils ont lue, mais il s'agit de toute évidence d'une aberration pure et simple quand on qualifie de légitime ce qui résulte d'une émeute armée», a estimé le chef du gouvernement. Les relations économiques entre Moscou et Kiev ne manqueront pas de se poursuivre, l'Ukraine étant un important partenaire de la Russie, a déclaré également le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. «Nous sommes prêts à examiner toutes les questions, l'important étant de comprendre avec qui discuter», a indiqué le chef du gouvernement. Et d'ajouter qu'il était nécessaire de coopérer avec un pouvoir légitime. «Si l'on qualifie de gouvernement des hommes masqués et armés de kalachnikov qui font aujourd'hui la loi à Kiev, il nous serait évidemment difficile de travailler avec un tel gouvernement. Mais si un pouvoir normal, reposant sur les lois et la Constitution de l'Ukraine, y apparaît, nous serons prêts à reprendre les relations», a souligné M. Medvedev. Vendredi, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et les principaux leaders de l'opposition ont conclu un accord sur le règlement de la crise politique en Ukraine qui prévoyait un retour au régime parlementaire, la formation d'un gouvernement d'union nationale et la tenue d'une élection présidentielle anticipée avant la fin de l'année en cours. Samedi, sans attendre que le président signe le document sur le retour à la Constitution de 2004, la Rada suprême (Parlement) a modifié la Constitution et désigné un nouveau président du Parlement et un nouveau ministre de l'Intérieur. Le congrès des représentants des régions du sud-est de l'Ukraine ont mis en doute la légitimité de ces démarches, s'engageant à défendre l'ordre constitutionnel dans leurs territoires. Cité samedi soir par sa conseillère Anna Guerman, le président ukrainien a déclaré que «la situation dans le pays présentait tous les signes d'un coup d'Etat, ajoutant qu'il n'était pas prêt à céder à des pressions et à démissionner». Il faut souligner que les 328 députés sur 450 ont abrogé la Constitution et lui ont substitué celle de 2004, sans référendum et en violation des articles 156 et 157 de la Constitution. Les députés ont destitué le président de la République, Viktor Ianoukovytch, sans respecter la procédure d'impeachment et sans contrôle de la Cour constitutionnelle, c'est-à-dire en violation de l'article 111 de la Constitution. Ils ont proclamé Olexandre Tourtchinov président par intérim, en violation de l'article 112 de la Constitution. Ce coup d'Etat a été immédiatement salué comme un «retour à la démocratie» par les pays occidentaux. S'agissant des accords juridiquement contraignants entre la Russie et l'Ukraine, ils seront respectés, a déclaré hier aux journalistes le Premier ministre Dmitri Medvedev. «Les accords juridiquement contraignants seront accomplis», a-t-il souligné. «La Russie ne coopère pas avec les personnages à part, mais travaille dans le cadre de la coopération intergouvernementale», rappelle Dmitri Medvedev. «Tout ce qui a été signé doit être respecté», a dit le Premier ministre russe. Notons que le ministère russe des Affaires étrangères a rappelé dimanche soir son ambassadeur à Kiev, Mikhaïl Zourabov, pour des consultations suite à l'aggravation de la situation en Ukraine. «Suite à l'escalade de la situation en Ukraine et vu la nécessité d'analyser la situation actuelle sous ses différents aspects, il a été décidé de rappeler à Moscou pour des consultations l'ambassadeur de la Fédération de Russie en Ukraine, Mikhaïl Zourabov», a indiqué le ministère dans un communiqué.