Quelque 2000 habitants et des dizaines de constructions précaires, c'est Taffessour, chef-lieu d'une commune considérée comme l'une des plus pauvres du pays. «Le budget prévisionnel de 2006 est de 3 milliards de centimes, une misère pour une population qui vit dans une précarité extrême», révèle le maire, Yahia Bouafia. «Sans aucun risque de me tromper, je dirais que le taux de chômage frôle les 80%», affirme-t-il en réponse à notre question. L'artère principale de Taffessour est en chantier. Des travaux de revêtement sont en cours. La réfection de la voirie, de l'éclairage public et du réseau d'AEP – dans un état de dégradation avancé – constituent une priorité pour les nouveaux élus. «Les habitants de Taffessour ne disposent d'aucune couverture sanitaire», nous interpelle Abdelkrim, 29 ans, chômeur. Aucun médecin n'assure les soins ou de simples consultations. «Le centre de santé a fermé ses portes quelques jours après avoir été inauguré», se souvient Touhami, élu FLN. Ce qui peut paraître banal dans une quelconque ville du pays relève du luxe à Taffessour. «Les femmes enceintes accouchent encore sans assistance médicale, à l'ancienne, avec tous les risques que cela suppose», s'alarme un ancien moudjahid qui ne manque pas d'évoquer les années pénibles du terrorisme. L'idéal serait, ajoute-t-il, de voir s'installer une sage-femme à Taffessour. Pas de pharmacie ni de cabinet médical dans une localité regroupant les deux tribus dominantes de la région, les Ouled Sidi Yahia et les M'hamid. Les pouvoirs publics promettent la construction d'une polyclinique et l'acquisition d'une ambulance. «Les besoins exprimés par la population sont incommensurables. Avec l'amélioration de la situation sécuritaire, les besoins sociaux se font pressants», explique M. Bentabet qui parle d'une enveloppe financière de 2,5 milliards de centimes pour le lancement de travaux dits d'amélioration urbaine. Pour les notables de la région, les «efforts» de l'Etat n'ont curieusement eu aucun impact sur le terrain. Taffessour devrait bénéficier cette année encore de pas moins de 5 plans de «développement».