Un climat de tension prévalait lundi en Libye au lendemain d'une attaque contre les locaux du Congrès général national (CGN, parlement) à Tripoli dénoncée par le gouvernement de transition, au moment où le pays s'apprête à se doter d'une Assemblée constituante. Alors que le pays s'apprête à se doter d'une Assemblée constituante dans le cadre du processus politique engagé par les autorités de transition, les locaux du CGN ont été saccagés dimanche soir par des manifestants qui ont investi les lieux et blessé par balles deux députés. Les manifestants réclament la dissolution du Congrès et protestent contre l'"enlèvement" la veille de manifestants qui participaient à un sit-in devant son siège situé dans le centre de Tripoli. En dépit de l'instabilité régnante dans le pays, le CGN, plus haute autorité politique, a affirmé lundi sa détermination à "poursuivre le processus démocratique" malgré l'attaque la veille contre ses locaux et ses élus, et dénoncé une "agression flagrante contre le siège de la souveraineté légitime", en appelant les ex-rebelles libyens ayant combattu l'ancien régime à protéger la capitale et les institutions de l'Etat. Le gouvernement a en outre espéré que le CGN entamera des discussions avec les manifestants en vue de prendre en considération leurs revendications, tout en rejetant "le recours à la violence pour faire imposer leurs idées". Le CGN, issu des premières élections libres du pays de juillet 2012, a provoqué en effet la colère d'une grande partie de la population en décidant de prolonger jusqu'en décembre 2014 son mandat, qui devait expirer début février. Sous la pression de la rue, il a toutefois décidé récemment d'organiser des élections anticipées, mais sans fixer de date.
Climat de violences au quotidien La Libye est en proie à l'anarchie et à une escalade de la violence depuis la chute de l'ancien régime, en particulier dans l'est du pays, théâtre d'assassinats et d'attaques quasi-quotidiennes contre les forces de sécurité, les ressortissants étrangers et les missions diplomatiques. En effet, quatre corps non identifiés "portant des marques de tortures" ont été retrouvés dans la région d'Abou Mariem, à 50 km au sud-est de Benghazi, et un autre cadavre a été découvert dans la région de Jaroutha (30 km à l'ouest de la ville). Dimanche, un ressortissant égyptien a été grièvement blessé par balles, attaqué par des inconnus dans un commerce de primeurs où il travaillait, alors qu'un ingénieur français a été tué, atteint de trois balles, dans le quartier de Ras Abeida, dans le centre de la ville. Un membre des services de sécurité a été tué à Benghazi, dans l'explosion d'un engin placé sous sa voiture, et un ex-officier de police a été grièvement blessé par balles dans une autre attaque. La veille, des hommes inconnus ont tué par balles le chef du Conseil militaire, Makhlouf Ben Nasseur al-Ferjani dans la ville de Syrte. La coalition des forces nationales libyennes a dénoncé une série d'assassinats, perpétrés par des hommes armés dans certaines villes libyennes, notamment à Benghazi (Nord-Est). "Le seul moyen de sortir de la crise à laquelle est affronté le pays c'est d'être à l'écoute de la voix de la rue", a déclaré Toufik Echahibi, membre de la commission de gestion de la coalition dans un communiqué.
Dans l'attente des résultats définitifs de l'élection d'une Assemblée constituante Sur fond d'insécurité et de tensions, la Commission électorale libyenne a annoncé les résultats préliminaires de l'élection d'une Assemblée constituante chargé de rédiger la constitution, qui ont porté sur seulement 47 des 60 sièges prévus après des violences ayant empêché la tenue du scrutin dans plusieurs régions. Selon le président de la Commission, Nouri al-Abbar, le sort des 13 sièges non pourvus sera décidé par le Congrès général national. L'Assemblée devait compter 60 membres, représentant à égalité les trois régions historiques de la Libye - la Cyrénaïque (est), le Fezzan (sud) et la Tripolitaine (ouest)-, sur le modèle du comité des Soixante qui avait rédigé la première Constitution en 1951, abolie par l'ancien dirigeant Maamar El Gueddafi en 1977. A l'instar de celle de 1951, l'Assemblée constituante devrait siéger à al-Baida, dans l'est du pays. La Constitution doit déterminer la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la chariaa. Après son adoption par la Constituante, la Loi fondamentale doit être soumise à référendum.
Une conférence internationale sur la Libye le 6 mars à Rome Les chefs de diplomatie de la Russie, des Etats-Unis, de la France et de la Grèce ont confirmé leur participation à une Conférence internationale sur la Libye le 6 mars à Rome, selon une source officielle italienne. La ministre des affaires étrangères Federica Mogherini, du nouveau gouvernement italien de Matteo Renzi, a contacté ces chefs de diplomatie pour évoquer l'ordre du jour de la conférence sur la crise en Libye, dont l'initiative revient à l'ancien président du Conseil italien Enrico Letta, avait alors rapporté l'agence russe Ria Novosti. Selon la diplomatie italienne, les voisins de la Libye, mais aussi tous les acteurs internationaux intéressés au règlement de la crise libyenne sont invités à cette réunion spéciale. D'après Mme Mogherini, les discussions à Rome porteront aussi sur l'évolution de la situation en Ukraine, ainsi que sur l'Afghanistan et la Syrie.