Violences ■ Des électeurs appelés à élire leurs représentants à l'Assemblée constituante ont été empêchés de voter hier, en raison de violences dans le sud et l'est du pays. Dans ces régions, le scrutin n'avait déjà pas pu avoir lieu jeudi dernier pour les mêmes raisons. Selon la commission électorale, seuls 22 des 81 bureaux de vote concernés par la réorganisation du scrutin ont pu ouvrir leurs portes hier. "Le vote n'a pas eu lieu dans 59 bureaux, dont 13 à Derna (Est) et 39 à Oubari (Sud)", a déclaré un membre de la commission, Khaled Al-Saheli, lors d'une conférence de presse. Selon le président de la commission, Nouri al-Abbar, l'insécurité et des violences ont empêché la tenue du scrutin dans ces bureaux. "Nous avons tiré la sonnette d'alarme et mis en garde le gouvernement et le Congrès général national (CGN, Parlement), en vain", a-t-il déploré. A Oubari, des hommes armés ont attaqué les bureaux de vote, les forçant à fermer, tandis qu'à Derna, fief d'islamistes extrémistes, le scrutin n'a pas pu avoir lieu en raison de l'absence des forces de sécurité. M. al-Abbar a annoncé la fin de l'opération électorale, précisant que le sort des sièges manquants serait décidé par le CGN. L'Assemblée nationale constituante devait initialement compter 60 membres. Et la réorganisation du scrutin d'hier devait permettre aux électeurs du sud et de l'est du pays de désigner leurs onze représentants. Les résultats du scrutin organisé le 20 février sont annoncés au compte-gouttes, circonscription par circonscription par la commission. Ils portent sur 47 sièges. En effet, outre les 11 sièges non pourvus en raison des violences, deux, attribués aux Amazighs, font l'objet d'un boycott, cette communauté protestant contre l'absence de mécanismes garantissant ses droits culturels dans la future Constitution. Durant la même journée d'hier, deux membres des services de sécurité ont été assassinés à Benghazi, dans l'Est libyen, provoquant la colère de dizaines de manifestants qui ont fermé des routes et brûlé des pneus. Un policier a été tué près de chez lui dans le quartier de Majouri de deux balles dans la tête, selon des sources au sein des services de sécurité et au Centre hospitalier de Benghazi. Selon les mêmes sources, un ex-officier de la police judiciaire a été lui aussi tué par balles dans le quartier de Guwercha. Mardi, un policier avait été tué par des inconnus et son collègue qui l'accompagnait grièvement blessé dans une attaque armée, toujours à Benghazi. Rappelons enfin que les Libyens se sont peu mobilisés pour cette élection, la participation jeudi étant estimée à 45%. De plus seuls 1,1 million d'électeurs s'étaient inscrits, soit moins d'un tiers des votants potentiels.