Rencontré à l'occasion de son récent passage à Alger, l'humoriste algérien installé en Hollande, Hakim Traïdia, a bien voulu répondre à nos questions. Le Temps : Quelle est la raison de votre présence à Alger ? Hakim Traïdia : En fait, je suis venu pour plusieurs raisons. Des raisons personnelles d'abord puisque je me suis rendu au chevet de ma mère gravement malade. Je suis venu, aussi, dans le cadre de la préparation de plusieurs projets professionnels en cours.
Pouvez-vous nous en dire plus ? Je suis en train de préparer spécialement pour l'Algérie plusieurs productions. Il y a essentiellement une série d'émissions ludoéducatives pour la télévision qui a pour nom «Yalah, yalah» et un album de chansons pour enfants.
Votre déplacement a trait à leur diffusion, n'est-ce pas ? Exactement. Pour ne rien vous cacher, je suis en pourparlers avec l'ENTV et le ministère de l'Education nationale.
Et s'agissant de la scène ? Oui, il est question également d'une tournée nationale dans le cadre de la semaine culturelle hollandaise en Algérie. Les dates vont coïncider, semble-t-il, avec la tenue du Festival culturel européen pour lequel je m'étais produit l'année dernière à Alger, Bejaïa et Annaba. Vous ne vous faites inviter en Algérie que par les étrangers ou quoi ? Non, je vous rassure ! C'est l'Office national de la Culture et de l'Information (ONCI) qui m'a invité, la première fois, en juin 2005, à l'occasion de la journée de l'enfant africain…
A propos d'Afrique, cet été, il va y avoir la 2e édition du Festival Panafricain. Etes-vous invité à cet événement ? Non pas pour le moment. Mais je reste ouvert bien évidemment à toutes les propositions.
Donnez-nous une idée de la place qu'occupe l'humour dans la vie quotidienne des néerlandais Comme on dit, le rire est le propre de l'homme. Les Hollandais n'y dérogent. Aux Pays-Bas, cette fonction typiquement humaine n'a pas pour vocation uniquement un rôle social. Il est de plus en plus admis que les vertus du rire sont réelles pour la santé mentale et qu'il n'existe, pour ainsi dire, aucune chance de mourir de rire... (rires).
A-t-on le droit de rire de tout, de la mort par exemple? Absolument ! Pierre Desproges disait qu'on peut rire de tout mais… pas avec tout le monde (rires). Bien sûr, les amuseurs publics, à l'image des bouffons d'autrefois ou des humoristes d'aujourd'hui, ont le droit de tout dire, pourvu que leur drôlerie rende la vérité un peu plus tolérable. L'humour permet de dire, ainsi, ce que l'on ne pourrait dire sans faire rire ! Cela donne la permission de bousculer parfois certaines règles. Cela dit, il ne faut jamais croire que tout est permis. Au contraire, il ne faut en aucun cas perdre de vue, dans les traits de caractère ou d'esprit, qu'on incarne le contexte et l'effet produit sur le spectateur.
Et le rire chez les enfants ? Vous savez, le public enfant est un vrai public. Un public, du reste, très exigeant. Lorsque le spectacle ne leur plaît pas, les enfants le montrent toujours. Parfois, ils expriment leur insatisfaction par le chahut. Une situation intenable, cruelle. Mais lorsque ça marche, c'est un bonheur, un bonheur pur. Les enfants rient fort et sans retenue. L'émotion est directe, à l'état brut. Entretien réalisé par Mohamed-Chérif Lachichi