Dimanche. La journée a été nuageuse mais assez douce, même si le soir venu, la fraîcheur était au rendez-vous. Une journée pas vraiment différente des autres, mais le soir est souvent une autre histoire. La campagne électorale a démarré dès le matin mais personne ne s'en est rendu compte. C'est à la tombée de la nuit que l'on s'y intéressera. Par… intérêt, par résignation ou par ennui, ce qui veut dire à peu près la même chose. Elles sont dures, les tombées de la nuit dans notre pays. Mais dimanche soir, la télé était prometteuse. Ce n'est pas parce que la campagne électorale n'intéresse pas grand-monde qu'on ne va pas la suivre. La curiosité, ça rabat vers le salon, ça mobilise sur le canapé et ça amuse en famille. C'est déjà ça de gagné, de se retrouver au salon, depuis que chacun a sa télé dans la chambre. En plus, avec l'ENTV, on peut fixer l'écran «en famille» sans risque majeur, il n'y a pas de bisou susceptible d'envoyer qui redécouvrir l'ampoule du plafond, qui demander un verre d'eau en se raclant la gorge et qui admirer sa paire de chaussures. Mais ce soir, ce n'est pas de cela qu'il s'agit. On regarde tranquillement Louisa Hanoune déclamer son discours enregistré, avant de la retrouver en meeting à Annaba où elle dit la même chose. Le discours, on le connaît par cœur mais ce n'est pas important, puisqu'on est là par ennui, par résignation ou par intérêt feint. Et puis on peut toujours zapper. Et pour ce qui est de zapper, on le fait volontiers. Beaucoup vont encore se poser la question pourquoi les Algériens s'invitent dans les élections françaises même quand il s'agit d'un scrutin local. Mais après la résignation, il y a la fatalité. On s'intéressera encore longtemps aux élections françaises. D'abord parce que depuis que l'Algérie n'est plus la France, c'est la France qui est un peu l'Algérie. Ensuite, parce qu'en France, il y a de vraies élections. Enfin parce qu'on peut découvrir tout cela dans une… vraie télévision. Mais le vrai zapping vient après. Au moment de «passer aux choses sérieuses», comme dirait l'autre. Parce que ce dimanche soir, les petits bonheurs se sont un peu bousculés à l'écran, il y avait Real-Barça, un… vrai clasico, celui-là. L'Algérie n'a jamais été l'Espagne mais elle le devient. Pour la beauté du spectacle, pour le plaisir des yeux, le monde entier était l'Espagne, dimanche en prime-time. Pour en avoir le cœur net, il n'y avait qu'à voir le stade de Sétif où le club local jouait pourtant un match de Coupe d'Afrique. Quasiment vide. Comme on ne peut pas vraiment dire que les Sétifiens n'aiment pas leur équipe, tout le monde aura compris qu'ils n'ont pas pris le risque de rater ne serait-ce que quelques minutes du Real-Barça. Alors, ils en ont eu pour leur argent. Ou pour leur effort ingénieux dans le piratage. Ce soir, les élections locales en France ont déjà tiédi et Real-Barça ne suscite plus que quelques passions attardées. Mais il reste toujours l'ennui, la résignation et un peu d'intérêt. Alors on regardera encore la campagne électorale qui nous aura «manqué» de l'avoir oubliée de toute la journée. Sinon, la zapette est toujours à portée de main. [email protected]