La menace d'investir la rue et provoquer un «printemps arabe» brandie par certains candidats, en particulier l'ex-chef du gouvernement, Ali Benflis, durant cette campagne électorale, a des relents de chantage que certains postulants à la présidentielle exercent, choisissant, pour davantage de pression, un moment où le pays connaît une étape importante dans son parcours post-Indépendance. Ajouté à ce chantage, la volonté de saisir une superpuissance étrangère, les Etats-Unis d'Amérique en l'occurrence, a fait son entrée pendant cette campagne pour l'élection présidentielle du 17 avril 2014. Il ne s'agit plus de dépassements se résumant à l'affichage anarchique des portraits de candidats à cette élection, mais d'une tentative d'internationalisation de la situation politique en Algérie, avec tous les risques que cette «initiative» peut représenter à la sécurité et à la stabilité du pays. Au cours de ses meetings entrant dans le cadre de la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 17 avril 2014, le candidat Ali Benflis a carrément fait dans le chantage en déclarant être déterminé à sortir dans la rue «si nous soupçonnons une fraude dans cette élection», a-t-il expliqué. Seulement un soupçon, a-t-il dit ! Pas besoin donc de preuves pour cet ex-chef du Gouvernement pour justifier la remise en cause de la stabilité dont le prix a été fortement payé par le peuple algérien. De son côté, le général à la retraite, Mohand Tahar Yala qui a d'abord présenté sa candidature pour cette élection présidentielle, s'est retourné contre ce même vote quand sa candidature n'a pas été retenue par le Conseil constitutionnel, appelant à l'interruption du processus électoral, s'adresse, cette fois, au secrétaire d'Etat américain, John Kerry à l'occasion de la visite qu'effectue ce dernier en Algérie. Que demande ce général à la retraire au secrétaire d'Etat américain ? «Nous vous demandons de bien vouloir ne pas donner une caution morale à une élection basée sur la fraude au profit du président-candidat, handicapé et absent, lui-même pris en otage par un groupe qui gouverne le pays par procuration depuis maintenant une année. Nous espérons ainsi qu'une telle position de votre part puisse contribuer à faire comprendre à ces dirigeants que leur intérêt est de respecter le choix souverain du peuple algérien dans sa volonté d'organiser la transition démocratique de son système de gouvernance», écrit-il dans une lettre adressée à John Kerry, après avoir dressé un tableau noir sur la situation en Algérie. «Les peuples de la région exigent désormais de changer le modèle de gouvernance pour adopter de véritables systèmes démocratiques. Ces changements en cours ont malheureusement provoqué une grande instabilité dans ces pays, avec son cortège de malheurs, non à cause de la demande démocratique des populations, mais en premier lieu à cause du refus de changement de la part de leurs dirigeants. Plus ces derniers s'accrochent au pouvoir, plus grand est le chaos», a-t-il ajouté, sans citer mot sur les conséquences des ingérences étrangères dans ces pays. Il ne s'agit surtout pas, pour le général Yala, de désavouer John Kerry et la politique de son pays en Syrie, en Afghanistan et en Libye. Le général Mohand Tahar Yala qui évoque la «fraude annoncée» pour l'élection du 17 avril 2014 n'explique cependant pas pourquoi il a présenté sa candidature à cette même élection ! Ali Benouari sollicite Obama Quant à Ali Benouari, ancien ministre du Trésor dans le Gouvernement Ghozali, et dont la candidature à l'élection présidentielle du 17 avril n'a pas été retenue par le Conseil constitutionnel, et qui a annoncé juste après son soutien à la candidature de Ali Benflis, a adressé une lettre au président américain Barak Obama, lui demandant de décider d'appliquer des sanctions contre des responsables algériens. «Le peuple algérien se prépare donc a assumer ses responsabilités en descendant dans la rue, au lendemain du scrutin, pour exprimer pacifiquement son attachement à l'alternance politique. Les craintes sont vives, cependant, que de grandes manifestations de masse ne conduisent à des dérapages dont nul ne pourra prédire l'étendue. Les grands pays démocratiques partenaires de notre pays doivent, eux aussi, assumer leur responsabilité à cet égard, en mettant en garde le pouvoir en place contre ses tentatives de fausser le scrutin. Si la fraude a quand même lieu, ils devront la condamner avec la plus grande fermeté, et exercer toutes les pressions compatibles avec le droit international pour contraindre les dirigeants fraudeurs à quitter le pouvoir», écrit Ali Benouari dans cette lettre. Dans cette même lettre, il propose au président des USA d'exercer des «pressions à caractère dissuasif contre des responsables algériens». «Parmi ces pressions qui peuvent être rapidement décidées dans un cadre bilatéral ou multilatéral, il y a l'interdiction de voyager pour les dirigeants et leurs familles ainsi que le gel de leurs avoirs», a écrit cet ex-candidat à l'élection du 17 avril 2014 dans sa lettre au président américain.