Le Premier ministre a annoncé la révision de la loi électorale, pour donner une majorité plus stable aux assemblées locales. Les projets de révision des codes communal et de wilaya seront soumis au Parlement avant la fin de l'année. Le Premier ministre a assumé jusqu'au bout, hier, sa mission consistant à présenter un programme sans failles élaboré par le président de la République et à montrer une propension du gouvernement et des autorités locales à avoir, désormais, un comportement plus correct avec les élus. Il a consacré, d'ailleurs, beaucoup plus de temps — presque deux heures — à ses réponses aux préoccupations des députés, exposées lors du débat général sur le plan d'action du gouvernement. Pourtant, il a prévenu, au début de son intervention, qu'il n'abordera que les chapitres principaux, déléguant à ses ministres le soin d'apporter plus de précision par écrit. Il a commencé par attester que les doutes, formulés sur la réalisation des engagements contenus dans le plan d'action, notamment en matière de construction de un million de logements et de création de trois millions de postes d'emploi en cinq ans, ne sont pas fondés. “Nous en sommes capables”, a asséné le Premier ministre, en précisant que l'ouverture de 3 millions de postes de travail ne relève pas de l'impossible et n'est guère fantaisiste, eu égard à la remarque d'un député RCD qui a souligné que le taux officiel du chômage, fixé à 11%, se quantifie uniquement par 1 200 000 demandeurs d'emploi. “À ce chiffre, il faudra ajouter les 400 000 diplômés chaque année, et nous en serons à 3 200 000 demandeurs en 2014”, a répliqué Ahmed Ouyahia. Il a soutenu que des dispositifs d'aide à l'emploi des jeunes seront renforcés et les procédures d'octroi de microcrédits assouplies. “Nous voulons leur offrir un meilleur avenir. Au lieu d'opter pour la harga, qu'ils aillent travailler à l'intérieur du pays”. En évoquant la réconciliation nationale, il a déclaré que ce n'est plus une cause défendue par des partis politiques, puisque la démarche a été plébiscitée en septembre 2005 par le peuple par voie référendaire. Il a indiqué que l'Etat continuera à lutter contre le terrorisme, à prendre en charge ses victimes et à laisser les portes du repentir ouvertes. Il s'agira néanmoins de corriger quelques injustices. “Nous avons failli vis-à-vis des appelés du Service national qui ont été blessés dans des opérations de lutte antiterroriste. L'Etat leur présente des excuses et promet de les prendre en charge”. Il a affirmé qu'il ne convient pas, pour l'heure, d'étendre le champ d'action de la démarche inhérente à la réconciliation nationale. “Le jour où nous en finirons avec le terrorisme, nous penserons à aller plus loin. La décision reviendra alors au peuple”. Battant en brèche les critiques contre l'arabisation des documents de justice, le Premier ministre a révélé qu'un texte de loi viendra réguler l'activité des traducteurs, dont les tarifs seront régulés. “Des mesures d'aide seront prises en faveur des nécessiteux. Pour le reste des objections, nous dirons que nous sommes maîtres chez nous”. Revenant au découpage administratif en projet, Ahmed Ouyahia a répété qu'il faut bien préparer le projet qui exige de gros moyens financiers. “Le choix de créer de nouvelles wilayas doit être judicieux”, a-t-il ajouté. Ahmed Ouyahia a réaffirmé que les codes communal et de wilaya seront soumis à l'approbation des parlementaires au cours de l'année 2009. Le statut de l'élu sera, également, bientôt finalisé, soit sous forme d'un projet de loi ou d'un décret. “L'essentiel étant de régler les problèmes des élus”, selon le premier responsable de l'action gouvernementale. Il a annoncé la mise en chantier d'un projet de révision de la loi électorale, afin de “doter les assemblées locales élues d'une majorité stable et éviter par-là même les blocages”. Une loi sur le budget des assemblées locales sera, aussi, incessamment déposée au bureau de l'APN. Mais c'est en parlant de l'instruction du président de la République en faveur des membres de l'APN et du Conseil de la nation que le Premier ministre a reçu une ovation, particulièrement de la part des élus des partis de l'Alliance présidentielle. Le chef de l'Etat a, en effet, exhorté les autorités locales, à leur tête le wali, à accorder systématiquement des audiences aux députés sur leur demande ; à leur fournir des précisions sur le programme de développement local et à faire preuve, envers eux, de l'égard dû à un “élu du peuple”. Ahmed Ouyahia a assuré, en outre, que les ministres sont tenus de répondre, dans les plus brefs délais, aux questions orales des parlementaires, afin de réduire le cumul des interpellations. Il a déclaré qu'aussi bien les députés que les sénateurs ont le droit de poser des questions orales au Premier ministre. S'il ne peut se déplacer lui-même au Parlement, il déléguera un membre du gouvernement pour présenter sa réponse. Il a fait part, à l'occasion, de l'accord du gouvernement quant à l'évaluation, par les parlementaires, d'une loi, une année après son adoption et donc son entrée en vigueur. Ahmed Ouyahia a affirmé que l'Exécutif, par l'entremise de son Premier ministre, présentera annuellement une déclaration de politique générale assortie d'un bilan de l'exercice précédent. Pêle-mêle, il a répondu que la Caisse de sécurité sociale n'accuse pas de déficit financier, que l'Etat emploie plus de 26 000 imams. Leurs salaires seront revalorisés à la faveur de la mise en application du statut particulier de la Fonction publique. 200 000 unités d'habitation, en cours de construction, seront réservées aux habitants des bidonvilles. Il a précisé que ne sont concernées par l'attribution que les familles déjà recensées. “Il ne servira à rien d'ériger une cabane afin de prétendre bénéficier d'un logement social”. À ce propos, il a affirmé que le fichier des bénéficiaires du logement social sera assaini.