Retenus à Slaviansk (est de l'Ukraine), les experts militaires de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ne se considèrent pas comme prisonniers de guerre, a déclaré hier lors d'une conférence de presse le chef de la mission, le colonel allemand Axel Schneider. «Nous ne sommes pas des otages, mais les invités du maire. (…) Nous sommes ici depuis plusieurs jours, entre les mains du maire de cette ville. Nous avons beaucoup discuté avec ceux qui nous gardent et nous avons compris ce que signifiait la situation dans cette ville pour ses habitants», a indiqué M. Schneider, s'exprimant au nom du groupe. Il a expliqué que la mission comprenait trois officiers allemands, un Polonais, un Suédois, un Tchèque et un Danois ainsi qu'un traducteur civil allemand. «Depuis notre arrivée, le maire nous a placés sous sa protection et nous traite comme ses invités. Personne ne nous a fait de mal», a souligné M. Schneider. Il a ajouté avoir agi exclusivement dans le cadre du Traité de Vienne. «Ce document comprend de nombreux articles qui décrivent ce que nous avons le droit de faire. Nous le respectons à la lettre. (…) Je tiens à souligner que nous n'avions pas sur nous de munitions. Agir conformément au Traité de Vienne, c'est agir sans armes. Nous sommes des diplomates en uniforme militaire. Ce groupe international n'agit pas au nom de l'Otan, mais au nom de l'OSCE», a expliqué M. Schneider. Vendredi, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a annoncé la perte de liaison avec le groupe d'experts de l'OSCE déployé dans la région de Donetsk pour contrôler l'application de l'accord adopté le 17 avril dernier à Genève sur les mesures de «désescalade» dans l'est de l'Ukraine. Le «maire populaire» de Slaviansk Viatcheslav Ponomarev a indiqué que le groupe de représentants de l'OSCE était accompagné d'un groupe d'officiers de l'état-major général d'Ukraine, et que la force d'autodéfense de la ville procédait à la vérification des collaborateurs de la mission et des officiers. Plus de 15 000 militaires déployés dans l'est du pays Les autorités de Kiev ont déployé 15 000 militaires dans les régions frontalières avec la Russie, a annoncé hier à RIA Novosti une source au sein du ministère russe de la Défense, appuyant ses propos sur les données obtenues par satellite. D'après l'interlocuteur de l'agence, la concentration de troupes autour de la ville de Slaviansk, théâtre depuis plusieurs jours d'un bras de fer entre partisans de la fédéralisation de l'Ukraine et les forces armées régulières, ne s'inscrit pas dans le cadre d'une opération policière spéciale, mais ressemble plutôt par son envergure à une opération «visant à effacer cette ville de la surface du globe». Les images obtenues par satellite permettent de voir que les militaires déployés dans l'est de l'Ukraine sont appuyés par 160 chars, 230 véhicules blindés et d'au moins 150 canons, mortiers et LRM de type Grad et Smertch, a précisé la source. «Cette concentration de troupes est disproportionnée par rapport au potentiel des forces d'autodéfense armées d'un nombre limité de mitraillettes et pistolets», a souligné l'interlocuteur de l'agence, avant d'ajouter que le recours aux armes lourdes pour réprimer ceux qui avaient une vision différente de l'avenir du pays était inadmissible. Khodorkovski interdit d'accès au siège de l'administration Par ailleurs, les partisans de la fédéralisation de l'Ukraine n'ont pas autorisé l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos Mikhaïl Khodorkovski à entrer dans l'administration régionale de Donetsk contrôlée par les populations, a rapporté le correspondant de RIA Novosti sur place. «M. Khodorkovski s'est approché du siège de l'administration régionale et s'est arrêté devant les barricades. Nos hommes se sont approchés de lui et lui ont expliqué qu'il n'avait rien à faire ici. Il voulait parler avec les gens qui se trouvent à l'intérieur du bâtiment, mais ces derniers considèrent qu'ils n'ont rien à lui dire», a indiqué à RIA Novosti un représentant de la République populaire de Donetsk. Après une brève conversation, M. Khodorkovski a pris congé, a ajouté l'interlocuteur de l'agence. Cet escroc notoire et oligarque a passé plus de dix ans en prison avant d'être gracié en décembre 2013 par le président Vladimir Poutine. Le 9 mars dernier, Mikhaïl Khodorkovski est intervenu sur la place de l'Indépendance de Kiev pour soutenir les putschistes de Kiev. Des manifestants occupent le bâtiment de la téléradiodiffusion régionale de Donetsk Les partisans de la fédéralisation en Ukraine ont pris d'assaut hier le bâtiment, dans lequel se situe la compagnie de la téléradiodiffusion de la région de Donetsk, exigeant d'arrêter la retransmission des chaînes de télévision ukrainienne, ont rapporté les agences. La prise d'assaut s'est déroulée sans faire de victimes. Le portail à l'entrée du territoire du bâtiment a été arraché par les manifestants. Les habitants locaux affirment qu'ils sont «fatigués par la propagande et désirent entendre l'information véridique». Le drapeau de la République populaire de Donetsk a été installé sur le bâtiment de la compagnie de la téléradiodiffusion.