La violence est un fléau vécu dans nos établissements scolaires à différents paliers. Ce phénomène a atteint une proportion alarmante chez les adolescents. Dans les grandes villes, la tendance est plus fréquente. La moyenne de la production d'un incident dans les collèges et d'une seule fois par semaine alors que des incidents sont enregistrés quotidiennement dans les lycées. Cette appréciation a été faite par des pédagogues et des conseillères à l'éducation nationale. Un autre constat amer a été tiré de leur longue expérience dans le domaine de l'orientation scolaire. «La violence est au sein des écoles», ont-elles affirmé. «Oui, le taux de la violence pratiquée à l'intérieur de l'école est plus important que celui produit à l'extérieur. Il est malheureux de faire ce constat mais c'est vraiment la réalité», a indiqué Mme Nadia Talbi, conseillère à l'éducation à Alger. Ayant accumulé une expérience de plus de 15 ans dans le domaine, Mme Talbi expliquera que la violence pratiquée à l'extérieur de l'école est une forme de délinquance où l'objectif est celui de vouloir s'approprier des biens d'autrui ou exercer une certaine autorité sur les camarades. «Ce qui n'est pas le cas pour la violence à l'intérieur de l'établissement où ce sont, souvent, les encadreurs adultes qui y sont les véritables responsables», a-t-elle expliqué. «Quand on assure la discrétion et l'assurance, l'élève fait souvent des confidences déplorant le comportement de l'un de ses enseignants, le surveillent général, le directeur ou autre. L'agression verbale et parfois physique, l'insulte, l'humiliation et l'intimidation sont des comportements regrettables mais qui restent pratiqués à l'école par ces adultes. Ça crée d'énormes traumatismes chez l'élève qui se transforme, par la force de la répétition, en acteur de cette violence», a-t-elle indiqué. L'absence d'espace d'écoute et de prise en charge psychologique au sein des établissements n'aide pas à la gestion de ce genre de situation qui favorise la tendance conflictuelle dans les relations. «Et là, ça devient visible sur le comportement de l'élève qui tente par tous les moyens d'extérioriser sa peine, sa douleur et son sentiment d'humiliation», a-t-elle encore ajouté. «La violence est devenue une maladie qui a atteint tout le corps de l'éducation», enchaîna Mme Karima Seiafa, éducatrice. «Les adultes sont les premiers responsables. C'est un phénomène qui existe depuis plusieurs années mais qui s'est propagé de façon impressionnante», a-t-elle indiqué. «L'environnement extérieur comme les problèmes de famille ou même les mauvaises conditions de scolarisation sont des facteurs qui viennent appuyer le comportement violent des encadreurs», dira Mme Seiafa, en soulignant que la surcharge des classes est l'un des facteurs dont l'impact reste minime. La présence de spécialistes de la communication et de la psychologie dans les écoles est une nécessité, selon ces éducatrices qui estiment que la mission des conseillères à l'éducation ne peut pas leur permettre d'intervenir de façon directe pour solutionner le problème. «ça nous arrive d'intervenir avec des conseils et de petites réconciliations pour calmer les esprits mais nous n'avons aucune prérogative dans la définition des responsabilités», ont-elles indiqué. Elles ont évoqué le manque de qualification chez les adjoints à l'éducation. «L'école est un travail pédagogique. Il faut recruter les gens qu'il faut à la place qu'il faut pour ne pas compliquer d'avantage la situation. Il est aussi préférable de décider de les former avant de les mettre sur le terrain», a expliqué Mme Talbi.