Véritable drame social, la criminalité urbaine poursuit son ascension. Le conducteur d'un camion frigorifique et son con ont été agressés mardi à proximité de la ville de Barika, dans la wilaya de Batna, à coup de barre de fer et d'objet tranchant par une bande de malfaiteurs qui s'est emparée de leur argent et portables, selon la Protection civile qui les a évacués vers l'hôpital de Barika. Enfermés par leurs agresseurs à l'intérieur du frigo du camion, heureusement à l'arrêt, les deux victimes âgées de 52 ans et 18 ans ont été atteintes de graves blessures, selon la même source qui précise que le conducteur a été blessé à la tête et à la poitrine par des objets tranchants alors que le con s'est vu briser les deux bras. Un fait, certes, anodin comme en rapporte la presse chaque jour et pouvant passer comme on le dit dans le jargon du métier, dans la rubrique des «chiens écrasés». Cependant, ce nouveau drame met une fois de plus cruellement l'accent sur la montée de l'insécurité urbaine et du banditisme en Algérie. Il surgit alors qu'à Alger, Constantine, Béjaia, Annaba, Tizi-Ouzou, dans l'Oranais, la région la plus touchée, les agressions contre les biens et les personnes ne cessent de se multiplier, comme autant de manifestations irrationnelles, mettant en évidence que l'incivisme a grimpé d'un cran, que la perte des repères de la société affecte de plus en plus de jeunes désoeuvrés. Ces jeunes élevés dans la violence terroriste s'en prennent à leurs concitoyens de manière, parfois pour ne pas dire le plus souvent, organisée, comme s'ils s'en prenaient aux symboles de l'Etat. Aujourd'hui nos cités sont devenues par la force des choses invivables. Vol de portables, cambriolages, agressions et insécurité règnent en maître des lieux au point où il est devenu impossible de circuler sans avoir pris la peine de surveiller ses arrières. Un fléau dénoncé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à partir de Skikda, dans son discours adressé à l'occasion du double anniversaire du 20 Août en affirmant que «la violence et l'insécurité gangrènent notre société». Ainsi, la criminalité et le banditisme semblent poursuivre leur ascension. Les chiffres avancés par la Gendarmerie Nationale démontrent, encore une fois, qu'en dépit des nombreuses actions dissuasives engagées par les différentes brigades de lutte contre la criminalité, le phénomène prend de l'ampleur. Jugez-en : rien que pour le premier semestre de l'année en cours, pas moins de 6752 affaires ont été traitées par les différentes brigades de la Gendarmerie nationale ayant abouti à écrouer 8912 personnes contre 15.442 libérées. Alors que les services de police traitent en moyenne 20 affaires par mois. Les délits vont du simple vol à la tire de portables, parfois accompagné d'agressions, à l'homicide involontaire. La population délinquante, dont l'âge varie entre 18 et 28 ans, n'hésite pas également à commettre d'autres délits, tels que les menaces, la destruction et la dégradation des biens, l'atteinte à la pudeur, la violation de domicile et le viol. Ces agressions se sont tant multipliées au point que les services des urgences des secteurs sanitaires se retrouvent débordés. Ces chiffres effarants renseignent sur l'ampleur de la violence urbaine. Un phénomène n'épargnant aucune tranche d'âge. L'appât du gain facile conduit des personnes insoupçonnables à verser dans le crime et la violence urbaine. Ce fléau puise ses racines de la misère sociale, de la montée du chômage et des inégalités sociales mais aussi de la déperdition scolaire. En effet, nombres de ces petits «malfrats» sont issus des couches défavorisées et en âge de travailler. Pourtant l'Algérie qui entame sa démarche modernisatrice n'a pas besoin de ce fléau après avoir vaincu l'hydre terroriste. C'est pourquoi, aujourd'hui, le combat de la Sûreté nationale doit être transféré ailleurs, c'est-à-dire dans la lutte contre le banditisme et le crime organisé. Depuis quelque temps, les bandits de grands chemins ont remis le nez à la fenêtre. Aussi les citoyens sont à nouveau inquiets au vu de ce qui se passe actuellement dans les grands centres urbains. Et c'est là que les forces de l'ordre doivent être en première ligne suivant une stratégie et une méthode de travail bien définies, d'autant que la Sûreté nationale a acquis, dans la lutte antiterroriste, un capital expérience irremplaçable qui la place au faîte de ce combat aujourd'hui universel. Bien entendu, il serait utopique de croire que les actions menées contre le banditisme par les forces de l'ordre, l'effaceront du paysage. C'est un phénomène qui résiste au temps et il faudrait la mise en oeuvre d'une vraie politique, avec les moyens adéquats. Aussi, face à ce phénomène, la répression seule ne suffit pas, des structures et un programme de prise en charge des délinquants à tous les niveaux doivent l'accompagner. Il paraît nécessaire, aujourd'hui, que les autorités puissent non seulement faire rapidement le bilan des efforts engagés, des résultats obtenus et des tendances observées, mais surtout de préciser les formes d'actions complémentaires et les moyens correspondants de lutte contre ce fléau qui prend de plus en plus des proportions alarmantes.