M. Benbouzid a annoncé des mesures d'allégement des classes. Cela pourra-t-il avoir un impact sur la diminution de la violence dans les écoles ? Ecoutez, la surcharge des classes est un facteur parmi d'autres qui a contribué à la prolifération du phénomène de la violence en milieu scolaire. L'allègement des classes peut, effectivement, avoir un impact sur la situation actuelle et peut contribuer à réaliser des résultats satisfaisants mais je pense qu'il faut prendre aussi en charge les autres facteurs. L'école n'est pas isolée, elle fait partie de la société et est influencée par les autres évènements qui se produisent dans son environnement. Outre la surcharge des classes, il est important de revoir d'autres aspects intérieurs comme l'architecture des écoles, les mauvaises conditions de scolarisation et la situation des enseignants. Tous ces facteurs ont un impact sur l'ambiance au sein de l'école. Il y a aussi d'autres facteurs qui ont une relation avec l'environnement extérieur de l'école. Je parle là de la situation au sein de la société et les différents phénomènes qui se sont développés au fil du temps. Cela relève aussi de la situation au sein de la famille où l'élève, tout comme l'enseignant et les autres acteurs, peut avoir des problèmes ou être confronté à des problèmes sociaux ou économiques comme le chômage, l'habitation précaire, le divorce ou autres. Ce milieu a une grande influence sur le comportement des individus. Eradiquer le problème de la surcharge peut aider à faire reculer le phénomène de la violence, mais il ne va pas l'éliminer de façon définitive. Y a-t-il eu des études sur la violence en milieu scolaire ? Toute étude relève du ministère de l'Education qui doit évaluer son travail et son parcours et avoir une idée précise sur les résultats des différentes mesures prises dans le secteur. Jusque-là, il n'y a pas eu une étude sérieuse sur le phénomène. On a juste réussi à poser la problématique et à exposer le sujet sur la table du débat. On a enfin réussi à prouver l'existence de ce phénomène dans les écoles alors que cela est resté, pendant longtemps, tabou puisque les gens n'en parlaient pas de façon directe et claire. Mais il n'y a pas eu d'étude sérieuse et détaillée qui aurait traité le phénomène dans toutes ses composantes. On a eu jusqu'à maintenant des études séparées sur un certain nombre d'aspects, mais qui n'ont pas été exploitées car elles n'ont pas été élargies. Ce phénomène est assez compliqué et on n'a toujours pas été au fond de la question en accordant une plus grande importance à ce phénomène. Je pense qu'il est temps de faire une étude sérieuse qui définira avec précision le phénomène de la violence. Qui sont les auteurs et quelles sont les causes, c'est ce qu'il faut arriver à cerner. Il y aura prochainement une conférence nationale sur la violence. Qu'est-ce que vous en pensez ? L'idée est bonne et elle est très attendue. Ça permettra de faire le tour de la question et d'aborder tous les aspects du sujet avec de bonnes analyses. L'idéal serait d'élaborer une politique de lutte contre la violence pour pouvoir remédier à tous les problèmes posés et causés par la violence. N'oublions pas que notre société a vécu une décennie sanglante, dont les effets sont toujours ressentis et vécus. Propos recueillis par