Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«Ce n'était pas les Algériens qui étaient pressés d'arriverà une solution, mais c'était bien la partie française» Malika El Korso, maître de conférence au département d'histoire à l'université d'Alger :
Quel est le contexte historique qui a amené les deux parties aux accords d'Evian ? Le 19 mars 1962 est une date très importante. La signature de cet accord est à juste titre la fête de la victoire. Elle n'est pas pour nous rappeler les souffrances endurées par le peuple algérien pendant 7 ans et demie. Le 19 mars marque effectivement la fin d'une guerre mais aussi le début du commencement de la fin de l'empire colonial français. Après les négociations d'Evian, un vaste mouvement libérateur s'est étendu à toutes les colonies françaises d'Afrique. Pour revenir plus spécifiquement à cette date du 19 mars 1962, je dirai qu'il ne faut pas qu'elle reste seulement une date commémorative. Il faut qu'elle occupe notre champ culturel, particulièrement les programmes des écoles, collèges, lycées et universités. Une place qui lui revient de droit. A l'image de la date du 1er novembre 1954 qui marque le début d'une Algérie combattante, le 19 mars mit fin à cette guerre. C'est une fin victorieuse, arrachée par les armes, la politique et surtout la diplomatie. Cette date couronne un long travail de négociations ardues, interrompues à maintes reprises. Il ne faut pas oublier que contrairement à une idée très répandue, ces négociations n'ont pas commencé en 1961 et au début de 1962 mais bien avant. Dès la fin de 1956, il y a eu des négociations secrètes, officieuses qui vont couver jusqu'à 1959 pour reprendre après, sous une forme officielle et publique. Vous avez évoqué les accords secrets, qu'en est-il au juste ? Ces négociations étaient loin d'être une partie de jeu de cartes entre les Algériens et les Français. Robert Buron, l'un des négociateurs des accords d'Evian, a retracé dans ses mémoires la détermination de la partie algérienne qui ne voulait céder aucune partie du territoire algérien, ni dans sa partie nord et encore moins le Sahara. Parce que le plus grand problème était que les Français voulaient garder le Sahara. Or, les diplomates algériens ont tout fait pour arracher cette clause. Pour que le Sahara reste algérien. Robert Buron, toujours dans ses mémoires, rapporte que les négociateurs algériens ont fait face avec respect et détermination aux manœuvres des Français qu'ils avaient en face d'eux, à savoir Louis Joxe, Bernard Tricot et Jean de Broglie, qui avaient en face d'eux nos jeunes diplomates, Krim Belkacem, Bentobal, Saad Dahleb et dans d'autres réunions Mohamed Yazid, Rédha Malek et Mohamed Seddik Benyahia. En vue de mettre fin à la confrontation armée, une commission mixte a été créée, quel a été son rôle dans la mise en œuvre du cessez-le-feu ? Les Français n'ont pas simplement usé de manœuvres mais aussi de provocations. Bizarrement, il faut dire que ce n'était pas les algériens qui étaient pressés d'arriver à une solution finale, mais c'était bien la partie française. C'est bien la partie française qui lancera un grand ouf ce 18 mars 1962, après douze jours de dures négociations. C'était un grand jour pour nous les Algériens. C'était une véritable victoire diplomatique. Malheureusement, ce n'était pas la fin du cauchemar, puisque l'OAS était décidée à ne pas quitter l'Algérie. Un autre combat s'en suivit, qui prendra fin véritablement le 3 juillet 1962.