Silvio Berlusconi a réitéré mercredi ses accusations selon lesquelles il a été contraint à quitter le pouvoir en novembre 2011, en pleine crise de la zone euro, du fait d'un "complot" ourdi contre lui par certains responsables de l'Union européenne (UE). L'ancien président du Conseil italien s'appuie sur la publication en Italie d'extraits d'un nouveau livre de l'ancien secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner. "A un moment au cours de cet automne, des responsables européens nous ont approchés avec un projet conçu pour tenter de contraindre le président du Conseil italien Silvio Berlusconi à quitter le pouvoir; ils nous demandaient de refuser de soutenir des prêts du FMI (Fonds monétaire international) à l'Italie jusqu'à ce qu'il soit parti", écrit Geithner dans son livre "Stress Test: Reflections on Financial Crises", cité par la presse italienne. "Nous avons informé le président de cette surprenante sollicitation mais aussi utile que cela aurait pu être d'avoir de meilleurs dirigeants en Europe, nous ne pouvions pas participer à un tel projet", poursuit Timothy Geithner. "'Nous ne pouvons pas avoir de son sang sur les mains', ai-je dit." Agé de 77 ans, Silvio Berlusconi, qui effectue actuellement des travaux d'intérêt général après sa condamnation définitive pour fraude fiscale en août, a estimé que ce livre montrait qu'il y avait eu "clairement violation des règles démocratiques et une attaque contre la souveraineté de notre pays". "Ce complot est une information extrêmement grave, qui confirme ce que je disais depuis un certain temps", a-t-il dit à la télévision publique, la Rai. Silvio Berlusconi a fréquemment accusé par le passé les autorités de l'UE et le chef de l'Etat italien, Giorgio Napolitano, d'avoir ourdi un "coup de force" pour obtenir son départ du pouvoir en 2011. NAPOLITANO DEMENT En début d'année, il s'est ainsi basé sur un livre écrit à partir de témoignages de responsables politiques, dont son successeur Mario Monti, pour accuser Giorgio Napolitano d'avoir préparé son remplacement plusieurs mois avant sa démission. Il a de nouveau accusé mercredi le président italien d'avoir noué des contacts avec Mario Monti bien avant la crise ayant précipité sa chute, due à la perte d'une majorité stable au Parlement en raison de divisions au sein du centre-droit. Giorgio Napolitano a publié un communiqué mercredi pour assurer qu'il n'avait pas connaissance de la moindre pression exercée sur Silvio Berlusconi pour qu'il démissionne.Le chef de l'Etat affirme que l'ancien président du Conseil a présenté sa démission de manière "libre et responsable" et que son départ est uniquement dû à des "événements politiques et parlementaires italiens". A moins de deux semaines des élections européennes, Silvio Berlusconi multiplie les attaques contre Bruxelles et les dirigeants européens, incité en cela par le climat de défiance à l'égard de l'UE en Italie. Son parti, Forza Italia, est en troisième position dans les intentions de vote, aux alentours de 20%, loin derrière le Parti démocrate de l'actuel chef du gouvernement Matteo Renzi, à environ 34%, et le Mouvement 5-Etoiles de Beppe Grillo, à environ 25%.