La justice algérienne demeure attachée au principe d'une coopération étroite avec l'instance judiciaire française en charge d'enquêter sur l'assassinat des moines de Tibhirine par les terroristes du GIA en 1996 à Médéa. Ce principe de coopération a été une nouvelle fois réitéré par Tayeb Louh, ministre de la justice, garde des Sceaux, qui s'est exprimé hier sur la question en marge de la séance de présentation du plan d'action du gouvernement à l'APN. Le dossier des moines de Tibhirine refait encore surface après le report de la visite du juge français Marc Trévidic qui devait se rendre samedi en Algérie pour autopsier les corps des sept moines. En Algérie comme en France, l'ajournement de la mission de Trévidic a été largement médiatisé, et à travers certains écrits de presse l'on s'est attelé nonchalamment à faire de l'intox en affirmant que les autorités algériennes, notamment celles de la justice, seraient à l'origine du report de la visite de Trévidic. En s'exprimant hier sur le sujet, le ministre Louh a d'abord montré qu'il était inutile d'enfler davantage une polémique purement destinée à la «consommation médiatique» mais qui n'a quasiment aucun impact en termes de résolution définitive de l'affaire des moines de Tibhirine. Du coup, le ministre de la Justice fera savoir implicitement qu'Alger n'a absolument rien à voir ni de près ni de loin avec le report de la visite du juge Trévidic en Algérie qui était attendu, rappelle-t-on à la tête d'une délégation de 13 personnes dont des experts en autopsie. En insistant sur l'étroitesse de la coopération judiciaire entre Alger et Paris, notamment en ce qui concerne le traitement de cette affaire, Tayeb Louh a ainsi laissé entendre que la justice algérienne ne pourra en aucun cas s'opposer à la venue du juge français pour effectuer une autopsie. Prenant le soin de ne pas violer le secret de l'instruction, le ministre de la Justice s'est en effet contenté de dire que l'enquête sur cette affaire demeure en cours aussi bien en Algérie qu'en France. «C'est une affaire qui demeure en instruction autant au niveau de la cour d'Alger que du côté de la justice française. Les deux magistrats algérien et français en charge de cette affaire travaillent en étroite collaboration et il n'existe point de conflit qui serait lié à ce dossier», a affirmé le ministre de la Justice. Ses propos s'inscrivant dans la même logique que celle développée par le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères qui, s'exprimant sur cette affaire, avait lui aussi vanté la bonne coopération judiciaire entre Alger et Paris tout en insistant sur le principe retenu de la visite du juge Trévidic en Algérie qui donnera son avis dans un avenir très proche. D'autre part, Tayeb Louh, qui a soigneusement évité de s'exprimer sur le procès d'Abdelmoumen Khalifa, qui s'ouvre aujourd'hui en France, a tout juste indiqué que l'ex-golden boy actuellement en détention dans la prison d'El Harrach sera également jugé en Algérie lors d'un procès qui sera ouvert au public.