Bien qu'ils n'aient pas dans leur répertoire une chanson style «Gai, gai l'écolier c'est demain les vacances», pour exprimer leur joie de couper momentanément avec les études, les enfants d'Algérie ont quitté en bloc les bancs de l'école. Qui dans la joie pour les meilleurs élèves, qui avec les larmes pour les moins bons. Une quinzaine de jours qu'ils vont mettre à profit pour souffler et faire la grasse matinée. Finis les réveils dans le noir, les petits déjeuners pris en catastrophe. Out les embouteillages chroniques et les crises de nerfs au volant. La période est aussi celle où d'autres personnes non concernées directement par ce repos vont également souffler. Allusion faite aux automobilistes qui dès le premier jour, n'en revenaient pas de la fluidité de la circulation. La facilité avec laquelle ils se sont rendus à leurs occupations réciproques fait que dans leur subconscient plusieurs doivent rêver de voir cette situation se pérenniser. Etre matinal au travail est le rêve de nombreux parents. Le non-fractionnement par région des vacances scolaires n'étant pas en pratique chez nous, il faut dire que la différence est perceptible dès lors que toute la population ô combien nombreuse qui fréquente les écoles, les collèges, les lycées et les universités quitte ces lieux l'espace de quelques jours. Des vacances que chacun va meubler à sa façon. Pour les étudiants qui viennent des villes de l'intérieur du pays, il va sans dire que les vacances sont vécues comme des retrouvailles. C'est comme l'émigré d'antan qui revenait au village pour se retrouver avec sa famille. Il se contentera des siens, sans rien demander de plus, si ce n'est se reposer au moins pour oublier les tracas du transport et de la restauration. A l'inverse des citadins toujours à l'affût de nouveautés pour occuper au mieux leur temps. Les cités et les quartiers sont le meilleur illustratif pour mesurer cette ambiance. Les nuées de gosses dehors dès le matin et leurs cris qui remplacent le cocorico du coq sont pour de nombreux adolescents le préambule à ces vacances où cahiers et livres ne viennent pas les perturber et les occuper, souvent contre leur gré. Le ballon remplace le cahier Comme de bons petits Algériens qui se respectent, l'occasion tant attendue des vacances sera celle où ils vont taper et retaper dans le ballon. Le moindre espace est transformé en terrain de foot, n'en déplaise aux passants. Une distraction qui a bel et bien détrôné toutes les autres. Finis les jeux de cerceaux ou les parties de billes et de toupies, ou encore pour les filles le saut à la corde ou la marelle. Des jeux bien ringards à l'ère de la PlayStation 3 et du Mp3 et qui drainent toute une frange de jeunes qui ne jurent que par les manettes de leurs jeux préférés. La période des vacances s'accompagne d'ailleurs d'une fréquentation très appréciable des cybercafés, au grand dam des parents sollicités pour satisfaire les envies coûteuses de leurs enfants, même pendant les vacances. Les parents laissent faire en attendant le week-end pour la sortie en famille, en se disant qu'«après tout, il faut bien que vacances se passent».