Alors que les parties en conflit estiment que la crise est principalement d'ordre sécuritaire, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a assuré mardi que la solution résidait plutôt dans le dialogue. La communauté chaâmbie représentant la majorité s'est dite hier «indignée par une intervention au niveau de la chambre basse du Parlement d'un certain député sur les évènements de Ghardaïa». «La tragédie qui se déroule à Ghardaïa est contradictoire avec l'ambition de ceux qui aiment cette terre et œuvrent pour le bien-être des habitants de cette région et pour toute la nation», a expliqué Bouamar Bouhafs, président de la Fondation chaâmbie de Ghardaïa. Dans une lettre adressée au Premier ministre, Bouamar Bouhafs cherche à expliquer que «les affrontements ayant endeuillé la wilaya de Ghardaïa durant les six derniers mois ne peuvent servir l'intérêt d'aucune partie parmi les autochtones et que la violence est contraire aux attentes des habitants de Ghardaïa aspirant à vivre en paix, dans la stabilité et la quiétude». Il s'est prononcé sur l'intervention d'un député de Ghardaïa le 2 juin au niveau de l'Assemblée populaire nationale (APN) à propos des événements ayant secoué cette wilaya. Il s'agit de Bakir Kara, député du RND. Le président de la Fondation chaâmbie trouve qu'il y a eu des «irrégularités» dans l'intervention de ce député, dont l'une sur la forme. «En premier lieu, son intervention concernait les événements de Ghardaïa tandis que la séance parlementaire était consacrée à la présentation du programme du gouvernement. Deux thèmes non liés l'un à l'autre», explique le président de la Fondation chaâmbie. Selon lui, ce député fait «exprès d'ignorer la légitimité des personnes habilitées à débattre de cette crise». «Les personnes légalement habilitées à évoquer la situation à Ghardaïa étaient présentes à cette séance parlementaire ; il s'agit surtout des membres du gouvernement. Le parlementaire s'est substitué au porte-parole de l'Etat, faisant fi du rôle des ministres», dénonce Bouamar Bouhafs dans sa missive. «Tout ça nous impose de citer deux vérités : ce député devrait être suffisamment courageux pour relater la vérité», estime-t-il, l'accusant de «ne pas avoir relaté les faits tels qu'ils se sont déroulés». «Il est regrettable qu'un député vienne exposer la version d'une seule des parties en conflit», a-t-il encore écrit dans sa lettre. Bouamar Bouhafs a également évoqué les propos tenus par un religieux ibadite de ce qu'il a qualifié «de l'autre partie», c'est-à-dire l'une des parties en conflit à Ghardaïa. «Ce qui est étonnant dans les propos de ce religieux, c'est qu'il dit que l'octroi du travail est du monopole d'une seule partie, tandis que toutes les parties à Ghardaïa sont complémentaires dans leur travail et leur transaction, faute de quoi il n'y aurait pas d'équilibre social», écrit encore le président de la Fondation chaâmbie dans sa lettre au Premier ministre.