Les nouveaux députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) ne dérogent pas à la règle. Au deuxième jour du débat sur le plan du gouvernement, présenté mardi dernier par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, plusieurs dizaines de députés de toutes les formations politiques représentés à l'Assemblée ont brillé par leur absence. L'Hémicycle, pourtant plein lors de la première journée de présentation de ce plan, a affiché plusieurs chaises vides dans la journée d'hier. Certains députés devaient même faire des interventions au sujet du plan d'action du gouvernement mais n'ont même pas pris la peine d'être présents. Décidément, les séances plénières de l'APN n'intéressent pas les députés, qui ne sont qu'à leur premier texte de loi. Ni la diffusion en direct sur les chaînes de la Télévision algérienne, ni encore l'insistance des partis politiques à faire preuve de discipline et à éviter l'absentéisme, et encore moins les sollicitations répétitives du président de l'APN au sérieux et à la rigueur du travail, n'ont été suffisants pour convaincre les députés à assister régulièrement aux travaux de l'Assemblée. En dépit de la persistance de l'absentéisme, les débats sur le plan du gouvernement se sont poursuivis hier avec plus de 50 interventions de députés qui ont axé leur discours sur les préoccupations générales des populations de leurs wilayas respectives. Mohamed Baba Ali, du RND, a appelé le gouvernement et l'Etat à intervenir pour régler le problème du nord du Mali. «Au nom de l'humanité, des droits de voisinage, et des liens sociaux, nous demandons au gouvernement d'intervenir dans le règlement du conflit dans le nord du Mali dans les plus brefs délais», a-t-il dit. «C'est un peuple qui souffre du terroriste intellectuel exercé par des groupes extrémistes. Qui peut le sauver ?», s'est-il interrogé. Le député du RND a également demandé «une prise en charge des réfugiés maliens installés en Algérie». Il a survolé plusieurs problèmes dont celui des routes, de santé, de l'éducation, du chômage, d'absence d'usines et de projet structurants dans l'extrême sud du pays et a alerté sur les conséquences dangereuses de cette situation sur la population locale compte tenu des diverse menaces qui guettent cette région frontalière. A ces propos, Ould Khelifa, président de l'APN, a rappelé que «le nord de l'Algérie est grand par son sud et que le sud est grand par son nord», insistant sur «la prise en considération des éléments de cette intervention». Bakir Kara Omar, député du RND de Ghardaïa, a sollicité l'aide du gouvernement pour «une prise en charge matérielle et morale de la population de Berriane», depuis «les événement douloureux qu'a vécus cette région». Il a promis de présenter un dossier ficelé sur l'état actuel des choses à plusieurs départements ministériels afin de trouver les solutions adéquates aux problèmes posés. Mahdjoub Bedda, du FLN, a demandé la levée de la règle 51-49 relative à l'investissement étranger argumentant cela par le ralentissement enregistré dans la cadence des investissements étrangers depuis la mise en place de cette mesure. Selon lui, il y a des intentions d'investissements qui ne se sont pas concrétisées. «Pas de volonté politique pour lutter contre la corruption» Soumia Bella, députée indépendante de Biskra, est revenue sur les nombreuses contestations populaires qu'a connues cette wilaya en été en raison des coupures électriques fréquentes, demandant des solutions urgentes. Pour les députés du FFS, qui ont relevé plusieurs insuffisances dans le rapport du plan d'action du gouvernement, «il ne peut pas y avoir de développement sans démocratie.» «Il faut regarder ce qui se passe dans la société et savoir ce qui se passe. Notre société est divisée en deux couches : celle qui a des racines étrangères, et la mafia qui cherche à s'enrichir en spoliant le foncier et la couche pauvre qui cherche à s'alimenter», a dit un député. «Comment le gouvernement peut-il réaliser en deux ans ce qui n'a pas été fait en 50 ans ?», s'est-il interrogé. Nouredine Barkane, de la même formation, a demandé l'évaluation de ce qui a été fait par les anciens gouvernements, surtout que «l'ancien Premier ministre a déclaré que le pays est géré par une mafia polico-financière ?». Selon lui, «il n'existe pas une véritable volonté politique pour lutter contre la corruption et la mafia étant que les membres de l'office de lutte contre la corruption sont désignés par le chef de l'Etat». «La lutte ne se limite pas à doter l'office d'un siège à Hydra mais elle peut se faire à travers la réactivation de la Cour des comptes», a-t-il dit. Hayet Meziani a appelé à «la suppression des fond spéciaux», surtout que le rapport du conseil de comptabilité a relevé «des infractions relatives à l'absence d'une discipline dans les dépenses».