Les vacances universitaires permettent à des milliers d'étudiants de revoir leur famille, d'effectuer des stages ou de travailler pour une courte durée. Mais la chance ne sourit pas à tout le monde. La revalorisation des bourses ne pouvait être qu'une bonne nouvelle pour le million d'étudiants enregistrés dans les universités ou instituts algériens. Au cours de l'année, les cités universitaires des grandes villes logent des étudiants et des étudiantes venus des quatre coins du pays, dans des conditions qui frisent souvent la précarité ; beaucoup d'entre eux vivent le calvaire des poches vides, à tel point que la priorité est sans conteste donnée à la nourriture. Les vacances sont donc une occasion pour eux d'opter pour des petits boulots dans les hôtels, les restaurants ou d'autres secteurs. Ceux qui arrivent au terme de leurs études en profitent pour préparer leurs mémoires dans les bibliothèques ou dans leur chambre universitaire. Un calme impressionnant régnait hier au sein des cités U de Dély Brahim. Des étudiantes approchées à la sortie de la faculté des sciences économiques et de gestion expliquent qu'«en réalité, les étudiants rendent de moins en moins de visites à leur famille». Et pour cause, elles estiment que «concernant les jeunes filles, une fois la liberté acquise, elles acceptent difficilement l'autorité du père ou du frère à leur retour au bercail». Selon nos interlocutrices, «les étudiantes des autres wilayas ont désormais, outre les études, d'autres projets en tête (…) car beaucoup d'entre elles veulent se marier à Alger. Elles sont pour la plupart à la recherche du prince charmant afin de ne plus retourner dans le giron familial». Elles ont par ailleurs soulevé que «des étudiantes ne rentrent plus chez elles pour ne plus avoir à faire le ménage. Elles trouvent une multitude d'excuses pour rester dans la capitale. La majorité passe les vacances avec leur petit ami, surtout si ce dernier a les moyens de leur payer les vacances de leurs rêves. Et dans ce cas, vous connaissez les conséquences…» Passant à autre chose, elles précisent sur un autre ton : «Beaucoup d'étudiantes n'ont pas la vie facile. Peut-être que leurs familles sont pauvres. Il y a celles qui travaillent en tant que femmes de ménage ou font du baby-sitting. Je le confirme, car j'en connais. Je suis étudiante à Bab Ezzouar et la moitié des mes amies ont des difficultés financières».
Le lointain Sahara Les garçons ont à vrai dire d'autres soucis. Un groupe de jeunes rencontrés dans un café près de la fac révèlent des petites difficultés lors du retour dans leur région, particulièrement les frais de transport et les petites dépenses. «Pourquoi rentrer chez moi alors qu'ici je peux me préparer aux examens et me faire un peu d'argent de poche ? Je travaille dans l'optique de terminer mon année en beauté», a affirmé Mourad, étudiant en économie. En effet, notre interlocuteur a déclaré que «le père de l'un ses camarades possède un garage de lavage-automobile où il peut bosser lorsqu'il le souhaite». Dans la foulée, il a jugé : «Les vacances ne sont pas synonymes de repos pour les étudiants des régions sahariennes. Le billet d'avion coûte cher : 18 000 DA à destination de Tamanrasset et 7000 DA pour Adrar». A cet effet, il serait temps de penser à aider cette frange d'étudiants. A titre d'exemple, les étudiants français originaires des Dom-Tom bénéficient annuellement d'un billet gratuit, quelle que soit la distance. Pour ne pas chômer, les étudiants du Grand Sud innovent. Nécessité oblige. Selon un ancien étudiant les ayant quotidiennement côtoyés, «ils font de petits business en envoyant par car des appareils électroménagers, des pièces de rechange automobile, des vêtements, des démos ou des marchandises non disponibles dans leur localité». Les étudiants des wilayas limitrophes comme Tizi Ouzou se déplacent à leur aise, la distance aidant. Il en est de même pour ceux des wilayas proches d'Alger, comme Médéa, Bouira, Béjaïa et Chlef. En ce qui concerne les étudiants étrangers, la donne est tout autre : ils sont, comparés à leurs compatriotes, plus nantis, car ils perçoivent des bourses par le biais des ambassades ou des représentations consulaires de leur pays en Algérie. Ces bourses varient entre 200 et 500 dollars par mois. Prendre en considération les doléances des étudiants répond à une vision de développement puisqu'ils sont les cadres de demain. Et demain n'est pas loin…