Réalité n Ils sont des milliers d'étudiants à travailler parallèlement à leurs études. Obtenir le baccalauréat, le fameux sésame pour accéder à l'université, est le rêve de tout lycéen. Sanctionnant douze années d'études, le bac constitue pour les élèves le couronnement d'une multitude d'efforts consentis tout au long de leur parcours. Son obtention procure aux postulants et à leurs parents le sentiment d'une grande réussite. En revanche, l'échec provoque une profonde déception. Mais cette joie est éphémère et elle se dissipe aux premiers contacts du monde universitaire. De nombreux bacheliers se disent, en effet, déçus dès leur premier pas à l'université, soit le jour de l'inscription. Les nouveaux étudiants, mal orientés dans le choix des filières et insatisfaits des conditions d'accueil et d'hébergement au sein des facultés et des cités, entament la vie estudiantine avec une dure désillusion. Rares sont les bacheliers qui sont orientés vers les filières portées sur leurs fiches de vœux. Au bout du compte, le bachelier réalise que l'université, un lieu de savoir par excellence, n'est qu'un prélude à une débandade inespérée, un fatras et un labyrinthe dont on réussit péniblement à s'extirper. Les choses se compliquent davantage pour les bacheliers résidant dans les cités universitaires où les conditions d'hébergement et de restauration laissent à désirer. Même la qualité des études est vite remise en cause. Les dépenses pour assurer un cursus universitaire convenable s'accumulent et rendent le quotidien des étudiants de plus en plus compliqué. Les frais d'hébergement, de restauration, de transport, l'achat des livres pour les besoins de recherche, les dépenses de la vie quotidienne… L'étudiant issu d'une famille pauvre, ne sera pas en mesure de satisfaire tous ces frais. La bourse universitaire, qui était auparavant de 2 700 DA par trimestre avant d'être relevée récemment à 4 050 DA, est presque dérisoire devant les exigences financières réelles de la vie estudiantine. «Pour un simple étudiant, acheter un livre ou suivre une formation supplémentaire pouvant lui être utile, relève de l'impossible», estime Brahim, un étudiant en 3e année de médecine, qui bosse très dur durant les vacances. Abondant dans le même sens, un autre étudiant, travaillant dans un café au niveau d'Alger affirme que «les étudiants voulant réussir leur cursus universitaire doivent se munir de moyens financiers colossaux. Sinon, ils sont contraints de vivre l'université en se débrouillant pour les livres et les besoins de la vie quotidienne. Des conditions minimales dont la majorité des étudiants ne dispose pas». Dans un tel environnement, semé de contraintes multiples, suivre les études normalement relève donc d'une entreprise ardue, voire impossible pour certains qui ont été contraints d'abandonner leurs études au bout de quelques mois. Mais la plupart surmontent ces difficultés en se débrouillant. C'est ainsi que des étudiants travaillent pour l'amélioration de leurs conditions. «C'est possible, voire obligatoire en ces temps de crise et de cherté de la vie», disent ces étudiants qui ont découvert ou plutôt ont été contraints de découvrir la vie professionnelle prématurément.