L'Espagne vise la conservation du ballon et de son titre en démarrant contre les Pays-Bas, battus en finale au Mondial-2010 (1-0 a.p.) mais à effectif et tactique rénovés: un match roboratif dès l'entame du Mondial-2014 ! Vendredi à Salvador (16h00 locales, 19h00 GMT), c'est par le plat de résistance que s'ouvre le menu du groupe B, reléguant les deux autres équipes, Chili et Australie, dans l'arrière-cuisine. "Je souffre toujours en repensant à la finale de 2010, avoue le meneur néerlandais Sneijer. La cicatrice n'est pas refermée. Nous étions si proches du but!" La finale de la dernière Coupe du monde reste évidemment dans toutes les têtes. Mais entre l'Afrique du Sud et le Brésil, il y a un océan. Pas le Brésil ! Ersatz de remake dans le rétroviseur, mais finale avant la lettre à l'horizon: il s'agit pour chaque équipe de terminer en tête de la poule pour éviter dès les 8e de finale rien moins que le Brésil, grand favori du groupe A. Le perdant de vendredi sera sans doute dès lors scruté par 400 millions d'yeux brésiliens... "Le premier match est celui qui me préoccupe le plus. Les Pays-Bas sont une sélection bien organisée, bien dirigée et qui va sûrement nous poser beaucoup de difficultés", avançait le sélectionneur de la Roja, Vicente Del Bosque, sur une radio espagnole. Le calibre de l'adversaire écrase la rengaine d'un premier match qui serait forcément le plus important: l'Espagne avait perdu le sien en 2010 (1-0 face à la Suisse) avant de finir couronnée... "Même si nous avons démontré que perdre le premier match n'était pas définitif, nous voulons entrer du bon pied dans cette compétition, cela nous permettrait d'engranger davantage de confiance pour conserver le titre", nuance ainsi le milieu Javi Martinez. Espagne conservatrice La Roja a perdu en finale de la Coupe des Confédérations (3-0 face au Brésil) et le FC Barcelone de sa superbe, alors on abdique ce jeu qui paraît moins létal ? Pas question: le fameux tiki-taca ou toque, fait de possession et passes courtes, a tout de même permis de conquérir un triplé historique (Euro-2008, Mondial-2010, Euro-2012) et demeure le fondement de la Seleccion. Il peut même prémunir contre le soleil tropical: "Plus nous aurons la possession du ballon, plus nous le ferons circuler vite, mieux ce sera pour nous et pire pour l'adversaire, soutient le milieu Busquets. Les conditions de chaleur et d'humidité vont se faire sentir." Del Bosque continue aussi de s'appuyer sur la même ossature: Casillas, Ramos, Piqué, Busquets, Xabi Alonso, Xavi, Iniesta. "Nous avons neuf ou dix joueurs fixes", a-t-il reconnu. Les derniers entraînements ouverts à la presse ont esquissé une possible alternative au traditionnel 4-3-3, aux dépens d'un des deux milieux récupérateurs, Busquets ou Xabi Alonso, ce qui déboucherait plutôt sur un 4-1-4-1. Reste aussi l'éternelle question de la pointe de l'attaque. Plutôt qu'au "faux 9" Fabregas utilisé à l'Euro-2012, la tendance est à un avant-centre de métier, entre Torres, qui garde la confiance de Del Bosque malgré ses traversées du désert en club, ou Diego Costa, a priori prêt mais à la fin de saison pourrie par les pépins physiques. Pays-Bas révolutionnaires Les stars offensives Sneijder, Van Persie et Robben sont toujours là, mais derrière, tout a changé. Stekelenburg, Van der Wiel, Heitinga, Mathijsen et Van Bronckhorst ont été remplacés par d'illustres inconnus, le gardien Cillessen et cinq défenseurs (Janmaat, De Vrij, Vlaar, Martins Indi et Blind). Oui, cinq défenseurs ! Exit le 4-3-3, marque déposée des Néerlandais. Le sélectionneur Louis van Gaal estime que "jouer avec trois attaquants et seulement quatre défenseurs face à l'Espagne, c'est aller au casse-pipe". Il compte défendre à huit (le gardien, les cinq défenseurs et deux milieux défensifs) et miser sur contre-attaques et exploits de ses individualités offensives. La même méthode ultra-défensive qu'avec ses Oranje vainqueurs de l'Espange (2-1) en 2000 à Séville. "J'ai une totale confiance dans le choix de l'entraîneur d'évoluer de la sorte, abonde Sneijder. Lors des trois derniers matches amicaux (Equateur, Ghana et pays de Galles), nous n'avons concédé aucune occasion en 270 minutes et nous nous sommes créé de nombreuses possibilités en contre." L'Espagne est d'un autre pedigree. "Selon moi, il s'agit peut-être toujours de la meilleure équipe du monde, poursuit Sneijder. Nous avons aussi une belle équipe mais qui manque de maturité. L'Espagne fait le pari de l'expérience".