L'Algérie déploie de grands efforts de facilitation en réunissant à Alger plusieurs mouvements armés du nord du Mali pour aboutir à une solution à la crise dans ce pays, meurtri, depuis 2012, par une guerre menaçant son intégrité territoriale. Depuis l'éclatement du conflit, l'Algérie, sollicitée par les autorités maliennes, a déployé tous ses efforts pour réunir les conditions "nécessaires" à un "dialogue inclusif" entre les différents mouvements du Nord et le gouvernement central à Bamako, en vue de rétablir la paix et la sécurité dans ce pays, fragilisé par un faible revenu. Alger est devenue une destination incontournable des responsables maliens et du continent dans la recherche d'une solution rapide et durable au conflit. Depuis mars 2012, le Mali, pays de 15 millions d'habitants, est pratiquement coupé en deux. Les deux tiers du territoire national, constitués des villes de Kidal, Gao, Tombouctou et d'une partie de la région de Mopti, sont occupées par des groupes armés. C'est le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, qui avait demandé, lors de sa visite à Alger, en janvier dernier, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'aide de l'Algérie pour un dénouement de la crise malienne. Donnant un écho favorable à cet appel, l'Algérie a mené, depuis janvier, une série de rencontres ayant pour objectif, la reprise du processus des consultations exploratoires avec les différentes parties du nord du Mali concernées par le conflit, pour créer les conditions propices au lancement d'un dialogue inclusif. Premier résultat : trois mouvements du nord du Mali ont signé, samedi dernier à Alger, une plateforme dans laquelle ils ont réaffirmé le "plein respect" de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale du Mali. Il s'agit du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), de la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA) et de la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR) dont les représentants se sont rencontrés dans la perspective du lancement du dialogue inter-malien inclusif pour mettre fin à la crise multidimensionnelle qui sévit dans le nord du pays voisin de l'Algérie. La plateforme signée à Alger, samedi dernier, représente, en fait, les lignes de conduite et l'action commune devant servir de base aux mouvements signataires et au gouvernement malien, en vue de la recherche d'une solution politique "pacifique et définitive" à la crise, une des conséquences de la situation survenue après la chute du régime du colonel Gueddafi, selon des spécialistes. Le 9 juin dernier, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) avaient signé la "Déclaration d'Alger", à travers laquelle ils réaffirment leur volonté d'œuvrer à la "consolidation de la dynamique d'apaisement en cours et de s'engager dans le dialogue inter-malien inclusif". Ces efforts de facilitation de l'Algérie sont largement soutenus par les mouvements armés maliens, leur gouvernement et la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). Le gouvernement malien a affirmé avoir pris acte de la signature, le 9 juin, de la déclaration conjointe par trois mouvements armés du nord du Mali, tout en remerciant le président Bouteflika pour les efforts de facilitation de l'Algérie. "Le gouvernement de la République du Mali prend acte de la signature, le 9 juin 2014 à Alger, d'une déclaration conjointe par trois mouvements armés du nord du Mali", avait indiqué un communiqué du gouvernement. Le gouvernement malien a également remercié le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le gouvernement et le peuple algériens pour "les efforts de facilitation du dialogue inclusif inter-malien en vue d'un règlement global et durable de la crise au nord du Mali". Les signataires de la "Déclaration d'Alger" ont exprimé, pour leur part, leurs "encouragements" et leur "soutien" aux efforts de l'Algérie pour la "consolidation de la dynamique de paix en cours dans la région". De son côté, le chef de la Minusma, Albert Gérard Koenders, a relevé, dimanche à Alger, le rôle "constructif" et "incontournable" de l'Algérie dans les efforts de paix et de réconciliation au Mali. "Le rôle de l'Algérie est très productif, constructif et incontournable" dans les efforts de paix et de réconciliation au Mali", a déclaré M. Koenders, estimant que la région (du Sahel) serait "en danger" en l'absence de paix et de réconciliation au Mali. Pour sa part, le Haut représentant de l'Union africaine (UA) pour le Mali et le Sahel, Pierre Buyoya, qui se trouve à Alger pour participer, ce lundi, à la 4e réunion du groupe de haut niveau sur le conflit inter-malien, a qualifié l'accord signé à Alger d'"avancée vers le début des pourparlers inclusifs entre maliens", félicitant, à cet effet, le gouvernement algérien pour le "travail fait" jusque-là. Par la voie du ministère des Affaires étrangères, l'Algérie, qui "se réjouit" de la signature de la "Déclaration d'Alger", "continuera à apporter un soutien "actif" à toute initiative favorisant la recherche d'une solution pacifique à la crise qui affecte le nord du Mali, un pays où seulement 74 dollars sont dépensés annuellement par habitant en matière de santé.