Comme des «pétales d'un printemps pas comme les autres, au parfum bien singulier», des permanences «s'ouvrent» à chaque coin de rue dans nos villes et cités à l'occasion de l'élection présidentielle d'avril. Si la majorité de ces «locaux» conjoncturels demeurent les structures des partis engagés dans la course qui font office de permanences, d'autres sont des propriétés de militants et de sympathisants qui les mettent gracieusement à la disposition de leurs «favoris». Certains candidats par contre sont contraints, même s'ils l'avouent à demi-mot, de louer parfois à des prix forts des locaux et autres «garages» pour être plus près du citoyen et espérer par la même faire passer leurs messages le temps que dure cet exercice. Ce sont des particuliers en général et, à un degré moindre, les agences immobilières qui tireraient profit de cette aubaine «cyclique», mais ces dernières refusent toutes de communiquer, peut-être par discrétion ou même par crainte de «mauvaise publicité», sur des transactions qu'elles ont pu effectuer dans ce cadre, et il en existe. Sur une dizaine d'agences avec lesquelles nous avons pris contact, une seule a admis avoir eu à traiter avec des personnes dans ce cadre sans pour autant nous fournir de détails. «Des gens nous ont approchés pour quelques locaux à Alger», nous dira son gérant, sans plus. Selon son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, le candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika dispose de 5095 permanences réparties sur tout le territoire national. Ce sont surtout les sièges des partis de l'Alliance et des organisations de soutien, ainsi que leurs structures respectives qui constituent la majeure partie de ces permanences. Il n'en demeure pas moins que des particuliers, militants et sympathisants ont mis également à la disposition du candidat leurs propres locaux. Pour Ali Fawzi Rebaïne, dont le siège du parti abrite la direction nationale de campagne et la permanence officielle, il dispose d'autres permanences à l'échelle régionale. Les permanences de parti, un recours précieux «Nous disposons de permanences dans toutes les wilayas où le parti est structuré», nous a déclaré hier Aïssa Benmeki, directeur de campagne du candidat, qui précisera à propos de la location à usage «électoral» que ce sont les coordinateurs de wilaya qui se chargent du volet.Il nous a précisé que ces derniers utilisent parfois leurs fonds propres pour ces mêmes fins (permanences), préférant taire le nombre de permanences ouvertes par Ahd54. Déclarant n'avoir pas eu affaire à des agences immobilières pour ce faire, il avouera toutefois que ces mêmes coordinateurs ont eu recours à des particuliers disposant à titre d'exemple de locaux fermés «qu'on loue à des prix symboliques, pourvu que le parti soit présent partout», a-t-il insisté, ajoutant : «Mais nous avons préféré être prudents en cette période de spéculation où les prix passent du simple au double.» Notre interlocuteur précisera dans ce sillage que les pleins pouvoirs sont accordés aux coordinateurs vu que l'une des philosophies du parti repose sur la décentralisation.Selon son site officiel, le candidat indépendant Mohamed Saïd dispose de 500 permanences dans les 48 wilayas. Nos tentatives de joindre ses représentants à cet effet sont restées vaines. Il convient de préciser que ce dernier a fait appel à ses militants et sympathisants «capables de le faire, à aider mes comités de soutien de wilaya en mettant à leur disposition des locaux pour l'ouverture de permanences électorales». Les permanences du candidat Moussa Touati sont en grande partie ses bureaux régionaux. «Nous avons loué aussi des locaux privés», nous dira Mohamed Tine, chargé de communication au FNA, qui précisera par ailleurs que «nous continuons à l'échelle locale à chercher d'autres structures bon marché, car il y a des gens qui spéculent», non sans indiquer que le parti, dont certains cadres ont mis leurs biens à sa disposition à l'occasion de la campagne, n'a pas jugé utile de passer par une agence immobilière. Quant à Djahid Younsi et Louisa Hanoune, leurs représentants, tous en campagne, n'ont pas pu nous informer sur le sujet vu leurs programmes chargés. Il n'en demeure pas moins qu'à l'instar des autres candidats, ils disposent de permanences dans diverses localités du pays. Il est clair que le black-out qui entoure cette question surtout du côté des agences en dit long sur un marché «juteux» qu'il ne faut en aucun cas ébruiter.